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Équipement médical de protection, port du masque en public, situation dans les urgences et dans les résidences pour personnes âgées : survol des nouvelles de la journée.

COVID-19

L’équipement arrive au compte- gouttes

Avec l’arrivée de certaines livraisons, Québec a désormais assez d’équipement médical de protection pour encore une semaine. Mais à Ottawa, le gouvernement fédéral n’est pas en mesure de « garantir » qu’il y en aura assez au pays pour traverser la pandémie de COVID-19. Entre-temps, le bilan s’alourdit au Québec, où 4611 Québécois sont atteints du coronavirus. Bilan dans les deux capitales.

Pas de pénurie avant une semaine

François Legault avait prévenu les Québécois, mardi, que certains équipements critiques pour soigner les patients atteints de la COVID-19 – dont les masques de protection – seraient en pénurie d’ici trois à sept jours. Or, mercredi, il a annoncé que la province avait finalement « quelques commandes [de] rentrées », ce qui lui permet d’avoir les stocks nécessaires pour au moins une semaine. « On continue de travailler fort à essayer de confirmer des commandes […] en Asie et de fournir des transports cargo pour aller [les] chercher », a-t-il affirmé. Les quatre équipements pour lesquels le Québec craint une pénurie sont les masques N95, les masques de procédure, les blouses et les gants. « Il y a peut-être une période qui est un peu plus critique, disons, passé la prochaine semaine, mais assez rapidement, dans les prochaines semaines, on va commencer à avoir des entreprises québécoises qui vont nous fournir du matériel », a assuré le premier ministre Legault.

Québec sera ravitaillé

Le gouvernement fédéral entend aussi aider le Québec face à la pénurie de certains équipements. Avec cinq petits mots en point de presse mercredi – « je peux confirmer que oui » –, la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a rassuré le réseau de la santé québécois, qui criait famine. Avant elle, le premier ministre Justin Trudeau avait aussi affirmé, mais très vaguement, que le Québec pourrait puiser dans la réserve d’équipement de protection individuelle (EPI) du fédéral. Mais bien que des millions de masques N95 et chirurgicaux s’apprêtent à être livrés au Canada, Justin Trudeau n’est pas prêt à promettre que le pays est à l’abri d’une pénurie de matériel de protection. « Dans cette situation, on ne peut rien garantir. On est en train de travailler extrêmement fort pour combler les différents besoins », a-t-il dit mercredi, ajoutant que « tellement de pays dans le monde sont en train d’essayer de courir après le même équipement ».

Sa ministre de la Santé, Patty Hajdu, a par la suite candidement reconnu que les stocks d’urgence du fédéral ne suffiraient « probablement » pas pour répondre à la demande. « En avons-nous assez ? Non, selon moi », a-t-elle laissé tomber en conférence de presse. Le gouvernement canadien, à l’image des autres gouvernements dans le monde, a négligé d’année en année de se préparer adéquatement pour affronter une crise sanitaire d’une telle ampleur, a-t-elle dit.

Toujours stable aux soins intensifs

Entre-temps, au Québec, le nombre de nouveaux cas de COVID-19 a continué d’augmenter, mercredi, quoiqu’à un rythme moins soutenu qu’au début de la semaine. Ainsi, 4611 Québécois ont désormais reçu la confirmation qu’ils étaient atteints de la COVID-19, une augmentation de 449 cas en une journée. De ce nombre, 307 personnes sont hospitalisées, dont 82 aux soins intensifs. Cette dernière statistique est stable au Québec, ce qui a fait dire mercredi au premier ministre François Legault que c’était « vraiment une bonne nouvelle ». Au cours des prochains jours, a-t-il promis, le gouvernement rendra public le scénario « le plus probable » afin que les citoyens estiment à quel moment on prévoit arriver au sommet des nouveaux cas déclarés par jour. Cela permettra aussi aux experts en santé publique d’émettre des hypothèses quant au moment où cette première vague de COVID-19 devrait se terminer dans la province. « Mais ça reste des probabilités, là. Je pense qu’il n’y a pas personne dans le monde qui est capable de dire avec précision quand va arriver ce sommet », a toutefois prévenu le premier ministre Legault mercredi.

« Des semaines, sinon des mois »

Après avoir refusé pendant des jours de se prononcer sur les scénarios envisagés par le fédéral quant à la durée de la crise de la COVID-19, Justin Trudeau s’est finalement fait forcer la main par la publication, dans le National Post, d’un document gouvernemental voulant que les mesures de lutte contre la pandémie durent jusqu’en juillet. « C’est un scénario réaliste », a-t-il concédé mercredi. « Je pense que les gens doivent s’attendre à ce qu’on soit dans cette situation pendant bien des semaines encore, sinon des mois. […] Si on regarde à travers le monde, on voit que même dans des pays comme la Corée du Sud ou à Singapour, où ils ont pu assez bien gérer cette crise, les mesures continuent pendant longtemps », a illustré le premier ministre. Ultimement, il revient aux citoyens de remplir ce qui constitue une « obligation morale » et civique, a insisté Justin Trudeau. « Rester à la maison est votre façon de servir. […] C’est comme ça que vous servez votre pays », a-t-il plaidé dans un passage de son discours qui n’était pas sans rappeler celui d’un certain John F. Kennedy.

Restrictions de circulation dans quatre  nouvelles régions

Le gouvernement Legault a également limité l’accès, mercredi, à certains territoires de quatre nouvelles régions sociosanitaires (l’Outaouais, les Laurentides, Lanaudière et la Mauricie–Centre-du-Québec) aux travailleurs qui offrent des services essentiels. Des points de contrôle sont opérés par les forces policières. Ces nouvelles mesures « visent à limiter les déplacements non essentiels », a déclaré Québec dans un communiqué. Pour la région des Laurentides, seuls les travailleurs essentiels pourront aller dans les municipalités régionales de comté d’Antoine-Labelle, d’Argenteuil, des Pays-d’en-Haut et des Laurentides. Dans Lanaudière, les secteurs visés sont les territoires d’Autray, de Joliette, de Matawinie et de Montcalm. En Mauricie, il s’agit de l’agglomération de La Tuque.

Au cours des derniers jours, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, avait souligné que la région d’Ottawa-Gatineau était particulière, puisqu’elle s’étend sur deux provinces et que les citoyens traversent la frontière pour y obtenir, entre autres, des soins médicaux. La Sûreté du Québec (SQ) a confirmé mercredi qu’il y aura désormais des points de contrôle aléatoires (et non systématiques) à la sortie des ponts qui relient Gatineau à la capitale du Canada. D’autres barrages pourraient être érigés ailleurs dans la région. « Cette décision était devenue une étape nécessaire dans le contexte de notre réalité géographique. Chaque déplacement implique potentiellement des arrêts qui multiplient les risques de contagion. Ces mesures vont avoir pour effet d’octroyer aux forces de l’ordre une plus grande capacité d’intervention pour limiter les déplacements non essentiels », a déclaré le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin.

Port du masque en public

Vraie protection ou faux sentiment de sécurité ?

Alors que le spectre d’une pénurie de matériel médical plane sur le Québec, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a de nouveau commenté la nécessité de porter un masque en public, mercredi, durant la conférence de presse quotidienne.

« Si quelqu’un porte les masques parce qu’il a peur… ou, dans la communauté, qui veut se mettre un foulard, vous pouvez le mettre, a dit le Dr Arruda. C’est sûr que si vous toussez, vous allez accumuler vos sécrétions. Mais faites attention à ne pas toucher à vos mains, oublier de les laver puis d’aller contaminer un endroit. »

Le Dr Arruda a été jusqu’à avancer que porter un masque dans la rue crée un faux sentiment de sécurité. « C’est un élément qui a probablement plus d’effet, à mon sens, au point de vue perceptuel. Mais s’il vient remplacer un lavage de mains rigoureux puis une étiquette respiratoire… Moi, je préfère quelqu’un qui tousse dans son coude, qui va se laver les mains, que quelqu’un qui va avoir un masque plein de sécrétions sur lequel il va mettre les mains [dessus] puis qui va toucher à quelque chose. Maintenant, vous faites votre choix. »

Les autorités canadiennes, de leur côté, envoient le signal que cet équipement facial n’est pas réellement utile, sauf pour les personnes qui sont infectées, et que les masques devraient aller en priorité aux travailleurs de la santé.

Invité à ajouter son grain de sel, Justin Trudeau a décliné. « Je m’en remets à la Dre [Theresa] Tam », a-t-il insisté, en faisant référence à l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada.

Une fois installée dans la salle du parlement où elle répond tous les jours aux questions des journalistes, la Dre Tam a argué que la « priorité numéro un » demeurait de réserver ce matériel protecteur aux professionnels de la santé qui sont au front. La ministre de la Santé, Patty Hajdu, a quant à elle parlé d’un « choix personnel ». « La prémisse que la science est claire à ce sujet n’est pas exacte, a dit Mme Hajdu. Mais en effet, il se pose de plus en plus de questions sur le recours aux masques pour la population dans son ensemble. »

Le port du masque à la maison

Que dit la science sur la question ? Une dizaine d’études ont été menées, durant la dizaine d’années où une menace de pandémie de grippe dévastatrice planait sur la planète, puis un peu après la pandémie de H1N1 en 2009-2010.

En 2009, dans la revue Emerging Infectious Diseases, des chercheurs australiens ont conclu que « le port de masques à la maison n’est pas efficace pour contrôler les maladies infectieuses saisonnières », mais que « durant une pandémie grave, si l’utilisation des masques est plus rigoureuse, la transmission à domicile pourrait être variée ». L’étude avait suivi 286 adultes habitant avec un enfant malade, à qui on avait demandé de porter un masque, ce que seulement la moitié avaient fait consciencieusement.

« Il y a des études montrant que les masques protègent contre l’infection à la maison, soit dans un milieu où la transmission est élevée », explique en entrevue Raina MacIntyre, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, qui était l’auteure principale de l’étude. « Si cela s’avère, les masques protégeront aussi à l’extérieur, là où le risque de transmission est plus faible. »

Néanmoins, la Dre MacIntyre ne pense pas que les gouvernements occidentaux exigeront le port du masque, comme en Chine. Peut-être même que le masque ne sera pas recommandé. « On fait face à une pénurie de masques, dit-elle. La priorité est d’équiper le personnel de la santé. »

Rien n’empêche la population de porter des masques artisanaux, précise la Dre MacIntyre. Une recherche rapide permet de constater qu’au moins trois études ont montré qu’ils offrent une certaine protection contre l’infection par autrui, même si cette protection est beaucoup moins élevée que celle des masques chirurgicaux. Un masque artisanal n’est pas non plus très efficace pour protéger les autres quand la personne qui le porte est elle-même infectée, conclut une étude néerlandaise publiée en 2008 dans la revue PLOS One.

Dépistage

Des employés du CUSM veulent être testés plus souvent

Les employés du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) demandent d’avoir accès plus facilement aux tests de dépistage de la COVID-19 et même d’être testés à titre préventif une fois par semaine. Mercredi, Québec a dit être en train de modifier ses politiques de test.

Dans une lettre destinée au directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, et obtenue par La Presse, le Syndicat des employés du CUSM affirme que « le protocole qui détermine qui doit être testé et quand […] nous apparaît beaucoup trop réactif, alors que pour combattre cet ennemi sournois qu’est la COVID-19, il faut être préventif et proactif ».

Le président du syndicat, Robert Lagueux, explique que pour être testé actuellement à Montréal, il faut présenter au moins un des symptômes de la COVID-19 (toux, fièvre, difficultés respiratoires, perte soudaine de l’odorat en l’absence de congestion nasale).

« Mais on peut être contagieux et ne pas présenter de symptômes », rappelle M. Lagueux, qui représente les 4500 préposés aux bénéficiaires et employés de l’entretien ménager, des cuisines et de l’administration du CUSM.

M. Lagueux souligne que plusieurs employés ne peuvent respecter la distanciation de deux mètres sur leur lieu de travail.

« On a eu un employé aux cuisines qui a eu un résultat positif à la COVID-19. On a demandé que tous les employés de la cuisine soient testés, mais on s’est fait dire non. »

— Robert Lagueux, président du Syndicat des employés du CUSM

Selon M. Lagueux, en n’élargissant pas les tests de dépistage, des gens contagieux mais asymptomatiques peuvent contaminer des collègues et des patients pendant plusieurs jours.

« Un protocole de tests plus proactif nous permettrait d’intercepter plus de cas de contagion plus rapidement », écrit le syndicat.

Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley appuie cette proposition et a même contacté le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) à ce sujet. Il s’est fait répondre que de tester un patient avant que les symptômes n’apparaissent entraîne trop de faux résultats.

« Je ne suis pas un expert. Mais en France, pour les tests faits préventivement, il y a environ 40 % de faux résultats. Mais pour les employés qui reçoivent un faux positif, le pire qui arrive, c’est qu’ils s’isolent pour rien. Et pour ceux qui reçoivent un faux négatif, ils restent au travail. Mais s’ils n’avaient pas été testés, ils seraient restés de toute façon. Au moins, ça fait 60 % de gens avec de vrais résultats qui peuvent être interceptés très tôt, avant qu’ils ne contaminent plein de gens », raisonne M. Begley.

Critères variables de dépistage

Alors qu’à Montréal, les personnes qui présentent un des symptômes de la COVID-19 peuvent être testées dans les centres de dépistage, dans d’autres régions, dont l’Estrie, il faut avoir voyagé ou avoir été en contact avec un voyageur pour obtenir le test.

Au MSSS, on explique que depuis deux semaines, « les critères de dépistage ont été élargis pour inclure notamment les patients hospitalisés et les professionnels de la santé en contact direct avec les patients. » « Cette priorisation a pour objectif de réaliser les tests plus rapidement pour les patients hospitalisés et les membres du personnel hospitalier et de santé, car ces cas peuvent avoir un grand impact sur l’éclosion, écrit le MSSS. Ces nouvelles orientations seront donc mises en place à court terme ».

En conférence de presse mercredi après-midi, le premier ministre François Legault a dit être « en train de changer un peu les personnes qu’on veut tester ». « On veut se concentrer sur le personnel de la santé, sur les gens qui sont hospitalisés. Donc, on est en train de changer… », a-t-il déclaré.

Le Dr Arruda a expliqué que des priorités de tests avaient été établies au début de la pandémie « en fonction de l’épidémiologie qu’on avait ». « On a beaucoup mis d’emphase sur les voyages au début […] parce que c’était là qu’étaient les cas qu’on risquait d’avoir, a-t-il indiqué. Maintenant, on va mettre des priorités différentes, comme l’a dit le premier ministre, notamment les travailleurs de la santé, etc., parce qu’on veut s’assurer qu’ils ne sont pas infectés et qu’ils aillent infecter des milieux. »

Ces priorités pourront même être ajustées au fur et à mesure que l’épidémie évoluera, a dit le Dr Arruda. Les gens vivant sous le même toit qu’une personne ayant reçu un diagnostic positif à la COVID-19 pourraient par exemple être automatiquement considérés comme des cas confirmés dès qu’elles présentent des symptômes de la maladie. Elles n’auraient plus à passer de test de dépistage. Ces cas seraient donc confirmés « par lien épidémiologique », et non pas par laboratoire, a expliqué le Dr Arruda.

Les modifications des critères d’accès aux tests de dépistage varieront en fonction des différents territoires. « On va avoir ce qu’on appelle maintenant une prescription de test en fonction de l’épidémiologie locale », a résumé le Dr Arruda.

Celui-ci n’a pas écarté l’idée de tester un jour des gens asymptomatiques. Mais « là, on n’est pas là », a dit le Dr Arruda.

Pénurie de réactifs ?

Dans un article publié le 21 mars, La Presse mentionnait qu’une pénurie de réactifs, soit des produits utilisés dans les tests de dépistage de la COVID-19, guettait le Québec.

Hier, le premier ministre François Legault a dit suivre le dossier de près. « Là aussi, c’est serré », a-t-il dit.

En réponse à une question sur la réserve de réactifs en ce moment au Québec pour faire les tests de dépistage de la COVID-19, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a demandé à La Presse de faire une demande d’accès à l’information.

Cette pénurie de réactif qui se profile à l’horizon inquiète M. Begley de la FSSS-CSN. « Si tout était disponible, je pense qu’on devrait tester plus massivement les travailleurs. Mais là, on voit que ce ne sera peut-être pas possible », dit-il.

Urgences des hôpitaux

Le calme avant la tempête

Malgré la frénésie entourant le combat contre la pandémie de COVID-19, les urgences des hôpitaux sont étonnamment tranquilles ces jours-ci, conséquences des mesures de confinement de la population. Mais il s’agit sans doute du calme avant la tempête.

Dans l’ensemble du Québec, 52 % des civières dans les urgences sont occupées ; pour Montréal, c’est 58 %, en moyenne. On observe rarement des taux aussi bas.

Habituellement, ils tournent autour de 100 % à cette période de l’année, et il n’est pas rare de les voir grimper jusqu’à 200 %.

Par exemple, le 19 mars 2019, 14 des 21 salles d’urgence de Montréal affichaient un taux d’occupation de 100 % ou plus. En avril 2019, le taux moyen d’occupation dans les hôpitaux de 30 civières et plus était de 133 %. Il atteignait 145 % au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), 132 % à l’Hôpital général juif, 131 % à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et 122 % à l’hôpital du Sacré-Cœur.

Le portrait est tout autre actuellement : les taux d’occupation varient entre 19 % (CHU Sainte-Justine) et 91 % (hôpital Royal Victoria), selon le répertoire indexsante.ca, ce qui signifie que les patients qui se présentent dans ces établissements attendent beaucoup moins longtemps que d’habitude avant de recevoir des soins.

« Dans les urgences pédiatriques partout au pays, il y a une diminution d’au moins 50 % des visites. Le confinement et la distanciation sociale ont beaucoup à voir là-dedans », explique le Dr Antonio D’Angelo, chef du département de pédiatrie d’urgence du CHU Sainte-Justine.

Les hôpitaux pour adultes observent la même tendance.

Taux d’occupation des civières le 1er avril à 16 h 30

Province de Québec : 52 %

Montréal : 58 %

CHU Sainte-Justine : 19 %

CHUM : 49 %

Hôpital Maisonneuve-Rosemont : 63 %

Hôpital du Sacré-Cœur : 33 %

Hôpital Royal Victoria : 91 %

Hôpital général de Montréal : 65 %

Hôpital de Montréal pour enfants : 50 %

Montérégie : 60 %

Laval : 55 %

Laurentides : 55 %

Lanaudière : 77 %

Estrie : 55 %

Source : Indexsante.ca

Comme il y a moins de circulation automobile, il y a moins de collisions, moins de piétons heurtés par des voitures, et donc moins de polytraumatismes, note le Dr D’Angelo.

Moins de transmission d’infections aussi, notamment des pathologies pédiatriques, puisque les écoles et les garderies sont fermées, tout comme la majorité des lieux de travail. « On a moins de risques d’attraper le rhume ou la grippe du voisin », souligne le pédiatre.

« En raison de l’annulation des activités sportives, comme le soccer, le football ou le hockey, on voit aussi moins de blessures causées par le sport. »

Enfin, la crainte d’être exposé à la COVID-19 explique que des patients préfèrent éviter les hôpitaux à tout prix.

« Les gens ont compris le message qu’il ne fallait pas visiter les hôpitaux, mais on ne veut pas non plus que ceux qui ont vraiment besoin de consulter aient peur de se rendre à l’urgence », dit le Dr D’Angelo.

Urgences-santé moins sollicité

Le constat est semblable chez Urgences-santé : les interventions ont diminué de 10 à 15 % depuis le début de la crise, notamment parce qu’il y a moins d’appels pour des accidents, des chutes dans la rue, « toutes les blessures liées aux déplacements de citoyens », révèle Catherine Bourgault-Poulin, porte-parole d’Urgences-santé.

« La fin de semaine et le soir, on a souvent des appels pour des personnes [aux facultés affaiblies], mais comme plus personne ne sort dans les restaurants et les bars, on n’a plus à faire ce genre d’interventions », illustre-t-elle.

Cependant, quand les paramédicaux doivent porter assistance à une personne qui pourrait être atteinte de la COVID-19, ils doivent enfiler des équipements de protection, ce qui allonge le temps d’intervention.

Mme Bourgault-Poulin souligne que 109 paramédicaux sont actuellement en quarantaine, à la suite de contacts avec des personnes infectées, et que 5 d’entre eux sont atteints de la COVID-19.

Le gros de la vague arrive

Pour les paramédicaux, comme pour les employés des urgences, ce répit est le bienvenu, puisqu’on s’attend à être très sollicité très bientôt.

« Le réseau est en train de se préparer pour le gros de la vague de patients qui va arriver, parce qu’on est juste au début. » — Le Dr Antonio D’Angelo

À Sainte-Justine, on prépare justement les listes de réaffectation du personnel, dans l’éventualité où d’autres hôpitaux auraient besoin de soutien. « Nous ne sommes pas encore à un point critique, alors on n’a pas encore commencé les échanges de personnel », dit-il.

Il note qu’une certaine proportion des employés du réseau hospitalier risque de tomber malade, ce qui doit aussi être pris en considération.

Résidences pour personnes âgées

« On va être encore plus sévères », prévient Legault

Québec — Alors que ce sont maintenant 519 résidences pour personnes âgées qui sont touchées par la COVID-19 au Québec, le gouvernement Legault resserre les règles et propose une réorganisation du travail pour freiner la propagation du nouveau coronavirus, particulièrement mortel chez les personnes de 70 ans et plus.

« Là, on va être encore plus sévères pour les entrées et les sorties dans chaque résidence », a prévenu François Legault, mercredi. « Ma grande inquiétude actuellement concerne les résidences pour personnes âgées. Sur à peu près 2200 résidences, on en a 519 où on a au moins un cas », a-t-il ajouté.

Il faut en faire plus, a insisté le premier ministre, pour limiter au maximum les risques de contamination dans les résidences. Cela se traduira par un contrôle plus serré du personnel qui entre et sort des établissements – publics et privés. La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, parle d’une « réorganisation du travail ».

Il faut, dès maintenant, éviter que des employés se déplacent d’un établissement à l’autre. Il faudra aussi revoir les plans pour les infirmières qui proviennent des CLSC. « On a un effort important à faire de ce côté-là », a admis Mme McCann.

« Notre plus grand défi actuellement, ce sont les résidences pour personnes âgées et les CHSLD. »

— Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

« Ce qu’il faut, c’est minimiser le nombre de personnes qui viennent dans les résidences », a-t-elle ajouté. « Alors [il faut] que ce soit les mêmes personnes, en nombre le plus petit possible, qui viennent dans une résidence […] et même des services qu’on achète là, de différents organismes, [il faut que] ce soit les mêmes personnes. »

Québec offrira aussi au personnel soignant de ces résidences de séjourner à l’hôtel, si possible pour eux, pour limiter leurs déplacements. « Je comprends que tout le monde ne pourra pas accepter ça […], mais il faut réduire les possibilités d’avoir du personnel qui est infecté et qui vient travailler », a nuancé M. Legault.

Le premier ministre a par ailleurs indiqué que « dans les prochains jours », on annoncerait « des bonifications de salaires des préposés, incluant dans le secteur privé ».

 « ZONES CHAUDES, ZONES FROIDES »

Le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, a évoqué la présence de « zones chaudes » et de « zones froides » dans les résidences pour aînés, faisant allusion au nombre de cas par établissement. « Ce qu’on fait, c’est des approches. Ça dépend de chacun des milieux », a-t-il expliqué.

« Chaque fois qu’il y a un centre qui est touché, on fait un diagnostic. […] Il y a tout un plan qui s’en vient pour aider la participation du personnel pour leur donner des conditions idéales […], des conditions pour s’isoler ou qu’il n’y ait pas de perte de revenus. On a une série d’actions, analysée au cas par cas, milieu par milieu. »

Dans les « zones chaudes », en CHSLD précisément, la ministre Danielle McCann a précisé que les personnes atteintes du virus seraient déplacées, « même si on n’aime pas déplacer des personnes âgées », dans un secteur où on « dédie du personnel avec tout le matériel de protection » nécessaire.

Les visites sont interdites dans tous les lieux d’hébergement pour personnes âgées depuis la mi-mars en raison de la pandémie de COVID-19. Les personnes de plus de 70 ans sont particulièrement vulnérables à la COVID-19 avec un taux de mortalité de 8 %. Cette statistique bondit à 14,8 % pour les aînés de plus de 80 ans.

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