COVID-19

Course contre la montre

« On en a pour trois à sept jours » : Québec a reconnu mardi que ses réserves d’équipements médicaux de protection commencent à s'épuiser. Mais les renforts s’organisent. Plus de 3000 entreprises au pays veulent participer à l’effort de guerre et le gouvernement Trudeau dit travailler à « résoudre la situation ».

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« On est en pénurie de masques »

Le Québec compte les jours qui le séparent d’une possible pénurie d’équipements médicaux de protection, comme les masques. « On en a pour trois à sept jours » en stock dans certains cas, a révélé François Legault mardi. Mais le gouvernement « a bon espoir » de recevoir des commandes dans les prochains jours, alors que le nombre de nouveaux cas de la COVID-19 explose.

Un système gourmand d’équipements

Québec cherche par tous les moyens à se procurer de nouveaux équipements médicaux de protection. « On est en pénurie de masques », a affirmé mardi le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, alors que François Legault précisait que « les commandes qu’on souhaitait avoir ne sont pas toutes rentrées ». Actuellement, a ajouté la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, « on utilise 10 fois plus d’équipements qu’en temps normal, [ce qui fait en sorte que ce qu’on] utilisait en une année, on l’utilise en quatre semaines ». Dans cette tempête parfaite, où les masques sont sollicités partout dans le monde, le gouvernement Legault se tourne vers les professionnels de la santé. « C’est très important qu’on utilise les masques seulement quand c’est essentiel », a dit mardi le premier ministre, remerciant le Groupe Jean Coutu d’avoir envoyé au gouvernement 1,3 million de masques qu’il avait en stock.

Legault et Ford se sont-ils compris ?

François Legault a également remercié mardi son « ami Doug Ford », premier ministre de l’Ontario, qui a accepté « de nous transférer certains équipements ». « On a une première livraison qui devrait arriver aujourd’hui, puis possiblement d’autres dans les prochains jours, entre autres des masques de procédure », a-t-il affirmé lors de son point de presse quotidien. Or, à Toronto, M. Ford a pratiquement contredit en temps réel le premier ministre du Québec, précisant qu’aucun masque de la réserve ontarienne n’avait été envoyé au Québec. Plus tard sur Twitter, le cabinet du premier ministre Legault a précisé que son homologue ontarien l’avait en fait « mis en contact avec un de leurs fournisseurs de matériel médical qui pourra également [procurer au Québec] des équipements importants ». Pour ménager les stocks de masques N95, utilisés par les médecins lorsqu’ils traitent des patients atteints de la COVID-19, le gouvernement Legault demande aux services hospitaliers de les désinfecter après chaque utilisation et de les réutiliser.

Explosion de nouveaux cas

Le Québec a connu mardi une nouvelle journée où le nombre de nouveaux cas de COVID-19 dans la province a explosé. À ce jour, 4162 Québécois sont atteints du coronavirus, une augmentation de 732 personnes en 24 heures ; 286 patients sont désormais hospitalisés, une augmentation de 51 personnes en une journée, dont 82 sont traités aux soins intensifs. Aux médecins qui craignent de devoir soigner des patients atteints du virus en n’ayant pas tout l’équipement de protection nécessaire, le premier ministre François Legault a lancé un appel au calme, mardi. « Pour l’instant, il n’est pas question qu’on demande à qui que ce soit de procéder à des actes sans être protégé, là. Donc, on n’est pas là. On vous dit que c’est serré. On travaille très fort sur les commandes, on travaille très fort avec l’Ontario, on travaille très fort avec le gouvernement fédéral. Moi, j’ai bon espoir qu’on va être capables de passer au travers », a-t-il dit.

« Un Québec différent »

« On aura un Québec différent après la pandémie », a lancé le Dr Horacio Arruda, mardi, faisant allusion à tous les moyens extraordinaires mis en place pour limiter au maximum les impacts de la crise sur le bon fonctionnement de la province. « En numérique, en télétravail, en économie, ça va transformer notre société. Puis, il va falloir rebondir là-dessus pour que cette crise devienne une opportunité », a-t-il ajouté. Des propos qui ont trouvé écho chez la ministre de la Santé, Danielle McCann. « Notre réseau, quand on va sortir de cette crise, va être transformé à plusieurs niveaux, au bénéfice de la population », a-t-elle dit, citant l’implantation d’une plateforme de téléconsultation médicale, un service efficace qui existait « à peine » avant la pandémie.

Aide en santé mentale

La ministre de la Santé veut s’inspirer de la téléconsultation pour augmenter l’efficacité du traitement de demandes en santé mentale. « Évidemment, si on a besoin de voir [les patients] en personne, on va s’organiser pour les voir, mais il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire par téléphone », a indiqué Mme McCann. Elle précise que les intervenants s’affairent actuellement à joindre les quelque 325 000 personnes souffrant de problèmes de santé mentale enregistrées dans le réseau de la santé, mais aussi celles inscrites sur les listes d’attente. « Ils vont tous les appeler, c’est important », a-t-elle dit. Mme McCann rappelle par ailleurs que si vous avez besoin d’aide psychologique parce que vous avez perdu votre emploi, par exemple, vous pouvez appeler votre CLSC pour être dirigé vers une ressource.

Québec se prépare à la « démondialisation »

L’économie du Québec subira « des dommages importants » et devra évoluer dans un contexte entièrement nouveau après la crise de la COVID-19, prévient le gouvernement. François Legault a dit mardi que ses ministres économiques réfléchissaient déjà à l’après-crise, même si sa priorité reste la crise sanitaire. « Il y a des choses qui vont avoir changé. Il y a des secteurs où on va avoir une… certains disent une démondialisation. Donc, moins d’importation, ça suppose plus de production locale, moins d’exportation », a expliqué M. Legault. Les ministres Jean Boulet (Travail), Christian Dubé (Trésor), Eric Girard (Finances) et Pierre Fitzgibbon (Économie) forment ce comité de relance, auquel aucune femme ne siège.

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50 000 MASQUES ÉCOULÉS EN CINQ JOURS

Avec l’aval de Santé Canada, le distributeur d’équipement de premiers soins Cardio Choc, de Saint-Hyacinthe, a commencé à importer des masques N95 et chirurgicaux. « Aussitôt reçus, ils sont vendus, affirme Marie-Pier Raymond, présidente de l’entreprise. Nous avons écoulé 50 000 masques en cinq jours. Nous en recevrons d’autres [ce] mercredi, et la semaine prochaine. » Le distributeur affirme aussi avoir du gel en quantité industrielle et des visières dans ses entrepôts.

— Sara Champagne, La Presse

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L'industrie canadienne se mobilise

Plus de 3000 entreprises ont offert leur savoir-faire afin de répondre aux besoins en matière de production de matériel sanitaire. Ottawa dit par ailleurs être « en train de résoudre » le problème de pénurie au Québec.

Ottawa — Le gouvernement fédéral veut envoyer le signal que la chaîne d’approvisionnement est bien huilée (avec un peu d’aide de l’étranger) pour combler les besoins en matériel médical, mais prévient qu’il revient aux citoyens de ne pas la faire surchauffer. En même temps, des documents obtenus par le National Post montrent qu’Ottawa a été prévenu que la crise se poursuivra au moins jusqu’en juillet.

Une kyrielle d’entreprises ont levé la main pour s’enrôler dans l’effort de guerre contre la COVID-19 : plus de 3000 ont offert leur savoir-faire afin de répondre aux besoins en matière de production de matériel sanitaire, s’est réjoui Justin Trudeau, mardi. « En mobilisant l’industrie, on peut produire ici les articles dont nos professionnels de la santé ont besoin pour protéger leur propre santé, traiter les patients qui ont la COVID-19 et freiner la propagation du virus », a-t-il plaidé lors de son allocution quotidienne.

Afin de poursuivre sur cette lancée, le gouvernement fédéral allongera 2 milliards de dollars ; mais dans l’immédiat, des accords ont été conclus avec trois entreprises, dont la québécoise Medicom, qui produiront masques, respirateurs et tests de dépistage. D’autres aussi devraient suivre, des lettres d’intention ayant été signées avec Precision Biomonitoring, Fluid Energy Group, Irving Oil, Calko Group et Stanfield’s. Et le Canada a reçu des dons du privé – parmi ceux-ci, des moniteurs pour bébé de Toys “R” Us afin de réduire les déplacements dans les hôpitaux.

Mais on est loin de l’abondance. Car il apparaît évident que les professionnels de la santé auront besoin de fournitures en grande quantité pour affronter la tempête, a reconnu le premier ministre Trudeau, en appelant au sens de la responsabilité des citoyens. « Sans l’ombre d’un doute, nous aurons besoin de davantage de masques, de ventilateurs et de tests de dépistage. Combien ? La réponse à cette question dépend entièrement de vous », a-t-il lancé à son lutrin.

Et on est aussi bien loin de l’autosuffisance ; c’est d’ailleurs pour cette raison qu’Ottawa a passé des commandes massives d’équipements médicaux aux États-Unis, à l’Europe et à d’autres pays. Aussi attend-on quelque part cette semaine certains des 60 millions de masques N95, 157 000 masques protecteurs faciaux et 1570 respirateurs dont le fédéral a fait l’acquisition, comme l’a dit en conférence de presse la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand.

En contexte de pandémie mondiale, avec environ 850 000 cas confirmés dans 180 pays et régions du globe, la course vers ces précieuses fournitures est bien entamée, a relevé Justin Trudeau. « Le monde entier tente de mettre la main sur les équipements afin de combattre ce virus, a-t-il souligné. C’est pour cette raison qu’il sera important d’avoir des solutions faites au Canada, pour que nos propres besoins soient [comblés] dans les semaines et mois à venir. »

La distribution du matériel de la réserve fédérale entre les provinces, qui ne sont pas également touchées par le nouveau coronavirus, se fera en suivant les conseils des experts de la santé publique, et non en vertu d’une décision du Cabinet fédéral.

OTTAWA VA « RÉSOUDRE » LE PROBLÈME AU QUÉBEC

Alors qu’à Québec, le premier ministre François Legault tirait la sonnette d’alarme lors de sa conférence de presse quotidienne, du côté d’Ottawa, la vice-première ministre Chrystia Freeland n’a pas joué à l’autruche lorsque l’enjeu de l’approvisionnement a été soulevé par des journalistes.

« Nous comprenons qu’il y a une situation particulièrement urgente concernant les masques au Québec. Le Québec a été très clair. »

— Chrystia Freeland, vice-première ministre

« Je veux assurer aux Québécois que nous comprenons la situation », et qu’« on est en train de la résoudre », a enchaîné Mme Freeland. Dans sa déclaration d’ouverture, elle avait insisté sur le fait que cette semaine serait « critique » pour le Canada dans la lutte contre la COVID-19.

À ses côtés, l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, a dressé comme chaque jour le bilan des cas du nouveau coronavirus. En date de mardi, il y avait 8591 cas confirmés, dont 103 morts. Des quelque 236 000 tests qui ont été faits jusqu’à présent, 3,5 % se sont avérés positifs et 93 % sont revenus négatifs. Sa principale source d’inquiétude, à ce stade-ci du combat, concerne les éclosions récemment observées dans des milieux fermés où habitent des personnes vulnérables, dont les établissements de soins de longue durée, des communautés autochtones et inuits ainsi que dans un pénitencier fédéral.

JUSQU’EN JUILLET ?

« La modélisation actuelle du COG [Centre des opérations du gouvernement] suggère que, dans le meilleur des scénarios, les mesures actuelles devraient être maintenues au moins jusqu’au mois de juillet ». Cette petite phrase contenue dans un document daté du 30 mars produit par le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, laisse entendre qu’on n’en a pas fini avec la COVID-19.

Il n’est toutefois pas spécifié, dans cet énoncé, ce que l’on entend par « mesures ». Mais il vient corroborer ce dont parlait le sous-administrateur en chef de la santé publique, le Dr Howard Njoo, vendredi dernier en conférence de presse. « Ce sera long. On ne parle pas de jours ou de semaines, on parle définitivement de mois. Plusieurs mois », a-t-il dit. Le premier ministre Justin Trudeau, pour sa part, a jusqu’à présent refusé de supputer sur un échéancier.

Le matériel étranger devra respecter les normes

Alors que les Pays-Bas ont récemment dû procéder au rappel de centaines de milliers de masques N95 importés de Chine et que le Canada s’apprête à recevoir une cargaison du même matériel, le gouvernement fédéral assure qu’aucun matériel sanitaire venant de l’étranger ne sera utilisé sans qu’un contrôle de qualité n’ait été effectué. « Une fois que nous recevrons les conteneurs, des inspections seront menées afin de nous assurer que les normes soient respectées. De plus, nous nous assurons qu’en Chine, un contrôle de qualité est effectué. Je suis en étroit contact avec l’ambassadeur Dominic Barton tous les jours pour m’assurer que nous avons des gens sur le terrain en Chine qui nous viennent en aide », a indiqué la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand. Samedi dernier, l’ambassade de Chine à Ottawa a annoncé l’envoi de fournitures médicales au Canada dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19. « Le 27 mars, la Banque de Chine fait don de fournitures médicales, incluant 30 000 masques, 10 000 ensembles de vêtements de protection, 10 000 lunettes protectrices et 50 000 paires de gants, puis des masques N95 au Canada. Nous sommes unis ! », lisait-on sur les réseaux sociaux. — Avec l’AFP

Politique

Des augmentations salariales versées en dons

Les 338 députés fédéraux verront mercredi leur salaire de base de 178 900 $ bondir de 2,1 % pour atteindre 182 657 $ – une bonification automatique enchâssée dans la loi depuis 2005. Or, cette année, elle survient dans un contexte pour le moins particulier, alors que de nombreux Canadiens doivent composer avec des pertes de revenu en raison de la crise de la COVID-19. Dans le camp conservateur, le chef Andrew Scheer a été le premier à exprimer son malaise. Il a décidé de « faire don de toute augmentation salariale qu’il recevra à une organisation caritative locale qui travaille dur pour soutenir les Canadiens touchés par la COVID-19 ». En ce qui concerne les députés conservateurs du Québec, « plusieurs ont pris la décision de ne pas toucher à cette augmentation » et de l’utiliser « pour acheter de la nourriture dans leur circonscription respective et l’offrir aux banques alimentaires du comté », a signalé la porte-parole Josée Morissette dans un courriel envoyé à La Presse, mardi. Au bureau de Justin Trudeau, on a signalé que le premier ministre allait « donner la sienne à des organismes de son comté ». Même son de cloche chez le chef du NPD, Jagmeet Singh : « il fait des dons à des organismes en temps normal et avec sa hausse de salaire il va augmenter ses dons », a écrit sa porte-parole Mélanie Richer. Il n’y avait pas de « directives spécifiques » du côté bloquiste, mais « la très grande majorité des députés du Bloc québécois font des dons à des œuvres caritatives », a-t-on indiqué.

Baisse de 82 % des déplacements à la frontière

Les passages à la frontière terrestre canado-américaine ont baissé de près de 82 % du 23 au 29 mars dernier dans la foulée de sa fermeture aux déplacements non essentiels, le 21 mars dernier, selon des données de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Ces chiffres plutôt sommaires fournis mardi soir par l’agence montrent également une baisse de 24 % du nombre de camionneurs entrant au Canada par rapport à la même période l’an dernier, et ce, même si aucune mesure entravant les échanges commerciaux n’a été implantée. L’ASFC fournit une photographie instantanée du dimanche 29 mars 2020 ; ce jour-là, on a recensé une diminution de 96 % du nombre de voyageurs sur les vols en provenance des États-Unis et de 92 % de celui des voyageurs aériens internationaux par rapport à l’an dernier. « Ceci vient alors que de nouvelles restrictions temporaires ont été mises en place, mais aussi que les Canadiens qui passent leurs vacances ou l’hiver à l’étranger ont été appelés à rentrer au pays », est-il précisé dans le communiqué transmis mardi. « L’ASFC travaille avec d’autres partenaires fédéraux afin de communiquer l’information aux intervenants commerciaux et les rassurer que la circulation commerciale n’est pas entravée », y poursuit-on.

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Qu’est-ce qu’un masque N95 ?

Le risque de pénurie de masques N95 inquiète grandement le milieu médical au Québec, comme ailleurs dans le monde. Ce type de masque est très utilisé dans la crise sanitaire actuelle. De quoi s’agit-il exactement ? Explications.

À quoi sert le masque N95 ?

Il offre une protection respiratoire à la personne qui le porte en filtrant les « aérosols infectieux », comme les poussières ou les gouttelettes projetées par les éternuements et la toux, indique l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Il est notamment efficace contre les maladies respiratoires comme la tuberculose et, plus récemment, la COVID-19.

Le masque N95 est-il pour tout le monde ?

Non. Il est destiné au personnel médical et aux autres intervenants qui entrent en contact avec des personnes malades, afin d’éviter qu’ils soient contaminés ; il ne sert pas aux malades qui voudraient éviter de contaminer d’autres personnes. De plus, il s’agit d’un masque à usage unique qui doit être changé après une exposition à « haut risque », indique l’INSPQ.

Qu’est-ce qui le distingue des autres masques ?

Il filtre l’air qui le traverse et bloque les particules de 0,3 micron et plus, donc bien plus que d’autres masques. D’ailleurs, pour être efficace, il doit être très bien ajusté au visage afin qu’il n’y ait pas de fuite. « Le N signifie que ce type de masque n’est pas résistant à l’huile et le 95 signifie qu’il est efficace pour filtrer 95 % des particules », selon l’INSPQ.

Qu’est-ce que signifie son nom ?

La mention N95 n’est pas un nom, en réalité, mais plutôt une référence à la norme de l’agence fédérale étatsunienne responsable des maladies professionnelles et des accidents du travail, le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), l’équivalent de notre Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Plusieurs manufacturiers fabriquent des masques répondant à cette norme.

Pourrait-on réutiliser les masques N95 ?

Oui, disent des chercheurs de l’École de médecine de l’Université Duke, en Caroline du Nord. Des tests ont démontré que la vaporisation de peroxyde d’hydrogène, un produit décontaminant répandu, permettait de tuer les germes et les virus sans dégrader le masque, a-t-elle annoncé la semaine dernière. L’université affirme qu’elle utilisera désormais cette technique dans ses trois hôpitaux.

vérification faite

L’effort diagnostique québécois

En conférence de presse mardi, François Legault a déclaré que le Québec est « l’un des endroits au monde qui a fait le plus de tests diagnostiques » pour la COVID-19. A-t-il raison ?

Les sceptiques n’ont pas tardé à répliquer. Philippe J. Fournier, professeur de physique au cégep de Saint-Laurent et fondateur du site de statistiques politiques Canada338/Québec125, a noté sur Twitter que le Québec arrive au quatrième rang des provinces canadiennes pour ce qui est du nombre de tests par tranche de 1000 habitants.

En réponse à M. Fournier, Stéphane Gobeil, analyste politique, anciennement conseiller au Bloc québécois, au Parti québécois puis à la Coalition avenir Québec, a diffusé sur Twitter un tableau du nombre de tests par 100 000 habitants dans différents pays et régions. M. Gobeil affirme que c’est sur ce tableau que se basait Horacio Arruda, directeur national de santé publique, quand il a parlé de la même question, lundi. Le Québec arrive loin derrière l’Islande et la Norvège, mais au deuxième rang des provinces canadiennes. Seul l’État de New York, parmi les États américains, dépasse le Québec.

En se basant sur le total des cas confirmés, des tests en attente de résultat et des analyses négatives au Québec, soit 73 141, La Presse peut confirmer que parmi les cinq provinces les plus populeuses, le Québec n’est surpassé que par la Colombie-Britannique, qui a fait 11 tests par 1000 habitants, contre 8,6 pour le Québec. La Saskatchewan et l'Alberta (qui ne donne des résultats qu’au 30 mars contrairement aux autres provinces) suivent de près. L’Ontario est loin derrière, avec 3,5 tests par 1000 habitants.

Les États-Unis sont au même niveau que l’Ontario, alors que l’Italie et la Corée du Sud, en date du 30 mars, sont juste sous la barre des 8 tests par 1000 habitants, selon FindDx, une ONG vouée à la lutte contre les inégalités diagnostiques entre pays riches et pauvres. Les données pour la France, 1,5 test par 1000 habitants, datent du 24 mars, mais même en tenant pour acquis que, depuis, le gouvernement français fait 9000 tests par jour, comme il l’a affirmé lundi, on n’arrive qu’à 2,5 tests par 1000 habitants pour l’Hexagone.

Les maladies et les morts

En conférence de presse mardi, François Legault a déclaré que « si on compare nos résultats avec les États-Unis, avec l’Europe, nous avons de meilleurs résultats ». Est-il exact que le Québec est en meilleure posture que l’Italie, la France, l’Espagne ou les États-Unis quand ces pays avaient un nombre de cas comparable au nôtre ?

Commençons par l’Italie. Le Québec vient de passer de 3430 à 4162 cas, avec 31 morts et 286 patients hospitalisés, dont 82 aux soins intensifs. Le 6 mars en Italie, le nombre total de cas confirmés passait de 3858 à 4636. Mais le bilan était alors six fois plus lourd que celui du Québec actuellement : 197 morts, 2394 personnes hospitalisées, dont 462 aux soins intensifs.

La France avait aussi plus de morts (une centaine) quand elle a dépassé les 4500 cas, le 15 mars ; en Espagne, le 13 mars, il y avait 4200 cas et 120 morts.

Les États-Unis ont dépassé le bilan actuel du Québec le 16 mars, avec 4226 cas, mais avaient un bilan plus proche de celui du Québec que de ceux de ces trois pays européens, avec 44 morts et 508 hospitalisations, dont 121 aux soins intensifs. Mais encore une fois, le bilan québécois est moins lourd.

Ces comparaisons doivent être tempérées par une distribution géographique des cas un peu différente pour l’Italie et les États-Unis. La patrie de Dante avait, au début de mars, des cas presque seulement dans le nord du pays, qui est plus densément peuplé que le centre et le sud, mais avec une différence moins grande que ce qu’on voit au Québec, où la grande région montréalaise est la plus touchée par la pandémie. Aux États-Unis, des centres de population importants n’étaient pas encore touchés à la mi-mars.

Aussi, le taux de tests au Québec actuellement est plus élevé qu’il ne l’était dans ces quatre pays dans la première moitié de mars, ce qui peut affecter la comparaison.

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