Pandémie de COVID-19

Bouleversement collectif, solutions collectives

Depuis presque deux ans, la pandémie de COVID-19 a exigé une adaptation continuelle de la part des individus, des entreprises et des institutions. La fermeture des établissements non essentiels, l’interdiction des rassemblements dans les maisons et l’adoption de nouveaux comportements comme le port du masque, la vaccination massive et le télétravail ont bouleversé notre quotidien. Voilà pourquoi la pandémie peut être qualifiée de changement social dramatique, ou plus simplement, de « bouleversement collectif ».

Dans nos conversations et dans les médias, il est souvent question de santé mentale, de fatigue pandémique, d’anxiété, de dépression et de colère. Vivre des émotions et des changements en dents de scie pendant une période aussi longue a fragilisé la santé psychologique de la population.

Et la résilience dans tout cela ?

La résilience est cette capacité à rebondir devant l’adversité. Elle est souvent perçue comme un défi strictement individuel, alors qu’elle peut aussi être collective.

Tout comme un pays peut se reconstruire après un ouragan dévastateur, une collectivité peut se remettre plus facilement d’une pandémie si elle privilégie des solutions ciblées, qui répondent concrètement aux besoins des différents groupes populationnels.

Il faut pour cela savoir prendre un pas de recul, s’accorder un temps de réflexion, afin de repenser nos valeurs, nos discours, nos interventions, en fonction des enjeux survenus pendant la crise. Cet effort est d’autant plus important qu’il ne s’agit probablement pas de la dernière crise que nous vivrons. Car force est de constater que nous n’étions pas prêts à affronter une crise sociale de cette ampleur-là.

Intervention communautaire

Afin de soulager la détresse psychologique de la population, nous pourrions être tentés de privilégier principalement des initiatives telles que l’accès à une thérapie individuelle ou à une ressource téléphonique ou en ligne. Or, une intervention communautaire pourrait être plus avantageuse et moins coûteuse dans un contexte de crise. Ce qui a été mis en œuvre en réponse à la tragédie de Lac-Mégantic pourrait par exemple nous inspirer. D’ailleurs, une recension récente de la littérature fait état de l’efficacité d’interventions communautaires sur le bien-être et la résilience dans de nombreux contextes sociaux (Montiel et al., 2021).

Si nous voulons réparer durablement les dommages psychologiques et sociaux causés par cette pandémie et mieux nous préparer pour le futur, il serait souhaitable d’aller au-delà des solutions centrées exclusivement sur l’individu, qui démontrent leurs limites lorsqu’une crise touche toutes les sphères de la société. Les citoyens pourraient, par exemple, être directement mobilisés pour accroître le bien-être de leur communauté.

La valorisation de solutions collectives à un bouleversement collectif pourrait s’articuler en trois axes.

  1. S’inspirer des solutions collectives qui ont été mises en œuvre avec succès pour renforcer la résilience d’une collectivité, en favorisant l’entraide et en consolidant le tissu social.
  2. Préparer, organiser et diversifier l’offre en fonction des populations et travailler en étroite collaboration avec les intervenant.e.s sur le terrain, afin de co-construire un programme d’intervention adapté aux groupes desservis.
  3. Utiliser les outils méthodologiques, technologiques et statistiques sophistiqués dont nous disposons pour tester et valider rigoureusement les programmes à partir de données probantes.

Ensemble, allons vers une résilience collective.

*Cosignataires : Éloïse Côté, étudiante à la maîtrise en psychologie à l’Université de Montréal ; Mélissa Généreux, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive et professeure agrégée au département des sciences de la santé communautaire de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke ; Janie Houle, professeure titulaire au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal ; Éric Lacourse, professeur titulaire au département de sociologie de l’Université de Montréal ; France Landry, psychologue en éducation et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal ; Caroline Lebeau, directrice et fondatrice de la Tournée édu4tive et de Regard9.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.