Emma Dunn, propriétaire de Lingerie Emma,

Portrait d’une corsetière passionnée de lingerie

À 28 ans, Emma Dunn a dédié la moitié de sa vie à son entreprise (faites le calcul !). Et depuis 10 ans, la boutique Lingerie Emma, située à Repentigny, tient le haut du pavé dans l’univers de la lingerie fine au pays. Quand la volonté rencontre la passion… même le rêve le plus fou devient réalité !

Ce rêve, Emma Dunn se plaît à le raconter. Comme la genèse d’une belle histoire d’amour qui se poursuit entre elle et sa clientèle à la féminité, aux courbes et à la séduction bien affirmées. Des femmes au corps changeant, tantôt à cause de l’âge, tantôt à cause du sport, de la prise de poids, de l’allaitement ou encore d’une mastectomie… « La lingerie redéfinit la silhouette et fait que les vêtements tombent mieux. C’est comme les fondations sur lesquelles repose une maison », dit la corsetière, un sourire dans la voix.

Tombée dedans, ado

Emma Dunn sait de quoi elle parle, depuis le temps qu’elle pratique ce métier. À l’âge où les jeunes filles gardent des enfants, elle apprenait les normes de la corseterie auprès d’une pro. « J’avais 12 ans et je magasinais mon premier soutien-gorge avec ma mère. En sortant de la boutique, j’ai dit : "C’est là que je veux travailler !" Ma mère a tourné les talons pour aller proposer mon aide à la propriétaire. » Madame Chénard l’a engagée sur-le-champ. Dès lors, l’adolescente consacre tous ses temps libres et ses congés à la boutique. Elle qui ne brille pas sur les bancs d’école met ses aptitudes pour l’entraide et les relations interpersonnelles au profit des clientes.

Deux ans plus tard, elle voit toutefois son rêve s’envoler : Madame Chénard veut fermer boutique et prendre sa retraite. Les parents d’Emma, issus d’une lignée d’entrepreneurs et eux-mêmes investisseurs, saisissent l’occasion. Ils proposent à leur benjamine de racheter le commerce et de l’encadrer dans la gestion des employés et des états financiers. À la condition, toutefois, qu’elle termine son secondaire.

Du front tout le tour de la tête

Promesse tenue. Lingerie Vénus devient Lingerie Emma. À 14 ans, la jeune fille a déjà trois employées qui, ensemble, ont le quadruple de son âge. Elle s’en fait des alliées. Les journées pédagogiques, elle descend en scooter à Montréal négocier avec les bonzes de Simone Pérèle ou de Chantelle… « Imaginez : les gros bonnets de l’industrie européenne qui voient débarquer une ado dans leurs bureaux, s’esclaffe-t-elle. Même chose pour mon banquier. Ils ont pris des risques en faisant confiance à la jeune entrepreneure que j’étais. »

Forte des conseils de ses parents, Emma fait ses classes. « J’ai appris de mes erreurs et à toujours aller de l’avant. Par exemple, dans le commerce de détail, on a tendance à faire des achats selon nos goûts personnels. Or, ce n’est pas nécessairement ce qui se vend le mieux. J’ai dû analyser mon marché et m’ajuster. »

Le vent dans les voiles

L’exercice a été bénéfique. Au fil des ans, Lingerie Emma a gagné en inventaire (lingerie, maillots, tenues d’intérieur, vêtements de croisière), en pieds carrés et en succès. La femme d’affaires priorise les collections du Québec et de l’Europe. Aujourd’hui, sa boutique, située près de la marina de Repentigny, se targue d’« habiller toutes les femmes », des filiformes aux plus pulpeuses. « Mon slogan a pris tout son sens avec mon service dédié aux femmes ayant subi une mastectomie », expose-t-elle, ajoutant qu’elle le doit à son père, diagnostiqué il y a trois ans d’un cancer colorectal. « Pendant ses traitements de chimio, des femmes atteintes d’un cancer du sein lui disaient à quel point elles étaient affectées. Il m’a suggéré d’utiliser mon sens de l’écoute pour leur venir en aide. »

Et ce n’est pas fini!

Enceinte de six mois, elle songe maintenant à développer un service de lingerie de maternité. « L’offre est très limitée. Moi qui ai l’habitude de porter des dessous coquets, je ne me sens pas très féminine en ce moment ! » Mais pour l’heure, elle se concentre sur son site transactionnel. « Les femmes travaillent et manquent de temps. La vente en ligne est devenue incontournable, remarque-t-elle. Mon défi, c’est d’offrir un service personnalisé sur le Web, au même titre qu’en boutique. »

Et ce n’est qu’un début : la famille d’abord, puis d’ici trois ans, elle compte ouvrir plusieurs boutiques au Canada. « Il ne faut jamais perdre de vue ses rêves, même les plus fous. Moi, je voulais apprendre. Oui je suis entreprenante de nature, je n’ai pas froid aux yeux. Mais il faut vouloir. Après, tout est possible. »

Lingerie Emma en chiffres

Plus de 30 marques de lingerie fine

Quelque 20 000 soutiens-gorges en inventaire

Près de 1 500 modèles en magasin

Un local d’une superficie de 5 000 pi2

15 employées

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