PANDÉMIE DE COVID-19

Le cancer ne prend pas de pause

La crise liée à la COVID-19 constitue la plus grande difficulté financière qu’ont connue les organisations québécoises engagées auprès des personnes touchées par le cancer.

Dès la mi-mars, pour la toute première fois de notre histoire, nous avons dû suspendre nos activités de collecte de fonds en personne, entraînant une baisse très significative des revenus de nos organisations. Comme notre financement provient très majoritairement de ces activités, ces pertes ont rapidement eu des répercussions sur notre capacité à fournir le soutien que nous offrons aux personnes touchées par le cancer et, sans intervention rapide du gouvernement, il y en aura bien davantage.

Chacune de nos organisations prend en charge des responsabilités spécifiques qui font partie de l’offre globale de services du réseau de la santé : hébergement, aide financière directe, transport, soutien à domicile adapté, lignes d’écoute, financement de la recherche, accompagnement psychosocial, ressources d’information ou groupes de soutien ; cette aide est multiforme et occupe une place essentielle dans un réseau qui est au bout de ses capacités. Chaque année, ce sont plus de 55 000 Québécois qui sont diagnostiqués et soutenus par nos organisations.

Depuis que la pandémie a frappé de plein fouet le Québec, que les soins et les traitements ont été dans de nombreux cas suspendus ou grandement retardés, les personnes atteintes de cancer et leur famille comptent plus que jamais sur nous.

Dans ce contexte, nos organisations respectives se réinventent constamment pour tenter de limiter les pertes financières et maintenir nos services, car, faut-il le rappeler, le cancer ne prend pas de pause.

Devant cette situation hors-norme, des actions hors-norme se sont rapidement imposées, dont celle de mettre en commun nos efforts pour parler d’une seule et même voix. Nous avons donc alerté le gouvernement dès le début du mois de mai, l’avons informé de l’état de la situation et des impacts inévitables sur nos offres de services respectives si aucune aide exceptionnelle ne nous était consentie.

Après de longs mois de promesses de solutions imminentes, la plupart d’entre nous font toujours face au silence, et ce, malgré plusieurs rappels. Au moment d’écrire ces lignes, seules deux organisations ont reçu une réponse et, bien que nous saluons le soutien accordé au transport et à l’hébergement, la solution proposée est très loin d’être viable à moyen terme. Ce sont donc les services directs offerts dans l’ensemble des régions du Québec à une population qui a déjà grandement souffert des impacts de cette pandémie qui se retrouvent ainsi à risque d’être temporairement ou définitivement interrompus.

Jusqu’à maintenant, ce sont les programmes d’aide du gouvernement fédéral qui nous ont permis d’éviter le pire. Cependant, malgré toute l’ingéniosité et l’innovation dont nous faisons preuve, il est impensable d’envisager que nous retrouverons le même niveau de revenus à court terme.

La crise financière qui accompagne la crise sanitaire actuelle a des impacts majeurs sur la capacité de donner des entreprises et de la population. Ces limites de nos donateurs se feront sentir non seulement pour l’année en cours, mais aussi pour celles à venir.

Si nous avons pu préserver nos offres de services jusqu’à maintenant, il ne pourra en être ainsi encore longtemps. Pour cette raison, nous implorons le gouvernement du Québec de reconnaître l’apport essentiel de nos services auprès des personnes atteintes de cancer et leur famille et consentir de toute urgence aux demandes de soutien financier que nous lui avons présentées au cours des derniers mois.

La crise de la COVID-19 a déjà engendré énormément de dommages chez les personnes atteintes de cancer et leurs proches. Si la plupart d’entre eux étaient sans doute difficiles à éviter au printemps, le gouvernement québécois a maintenant le pouvoir et le devoir d’agir pour en prévenir davantage.

* Cosignataires : Marco Décelles, directeur général de la Fondation québécoise du cancer ; Julie Desharnais, vice-présidente, Initiatives stratégiques, Société canadienne du cancer-Québec ; Karine Ippersiel, présidente-directrice générale de la Fondation du cancer du sein du Québec ; Laurent Proulx, président-directeur général, PROCURE-Halte au cancer de la prostate

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