Documentaire J’ai perdu mon bébé

Ouvrir le dialogue sur le deuil périnatal

Après sa deuxième fausse couche, l’animatrice Marie-Josée Gauvin a parlé de deuil périnatal à la radio. Ayant reçu plusieurs témoignages par la suite, elle a senti la nécessité d’ouvrir la discussion. Elle présente le documentaire J’ai perdu mon bébé, « une quête personnelle » qui — elle l’espère — pourra aider et interpeller « tout le monde ».

« Il fallait absolument que le documentaire se fasse, mais je ne savais pas si j’étais capable de le faire », explique Marie-Josée Gauvin, qui a finalement décidé de porter le projet et de raconter son expérience. Le sujet était « encore sensible » pour elle, mais l’animatrice croit qu’elle devait « briser cet inconfort ».

Marie-Josée Gauvin a été à la rencontre de femmes qui ont vécu le deuil périnatal, dont Ingrid St-Pierre, ainsi que du couple formé par Marie-Ève Janvier et Jean-François Breau. Des échanges qui « ont fait beaucoup de bien », assure l’animatrice. « Je me suis sentie ultraprivilégiée de pouvoir avoir ces grandes discussions et ces rencontres-là. »

« On se comprenait, même si nos vécus n’étaient pas identiques. On a laissé derrière nos barrières qu’on s’impose en société, parce qu’on ne veut pas être lourds ou faire pitié. »

– L’animatrice Marie-Josée Gauvin

Il était important que le documentaire représente le plus de gens possible, « puisque le deuil périnatal est un spectre immense », avoue Marie-Josée Gauvin. Les histoires de femmes et de couples se côtoient à l’écran, certains qui ont eu des enfants à travers les fausses couches et d’autres qui ont dû faire le deuil de la parentalité.

Briser la solitude

Marie-Josée Gauvin a perdu sa première fille après quelques mois de vie. « Après Charlotte, on m’a donné les ressources. Un rendez-vous psychologique était pris trois jours après », dit-elle.

Mais le traitement était tout autre lorsqu’elle a vécu ses deux fausses couches. « Je n’ai pas senti qu’il y avait ce même retour-là, explique-t-elle. La solitude a été très grande et je me demandais si c’était juste moi qui me sentais comme ça. » Une solitude partagée par les femmes qui ont témoigné dans le documentaire, et parfois exacerbée parce que les proches n’étaient pas au courant de la grossesse.

« Il y a des ressources, confirme Marie-Josée Gauvin, mais parfois, tu n’as pas la force d’aller les chercher, parce que tu as honte ou tu te sens coupable. »

L’animatrice voit aussi un autre problème : la banalisation. Un deuil qui peut être autant banalisé par l’entourage, la société ou le corps médical. Et elle aimerait que ça change. « Il faut rendre valides les sentiments qu’on vit, exprime-t-elle, surtout que c’est une grossesse sur cinq qui n’arrivera pas à terme. »

Professionnelles à la rescousse

Les professionnelles Francine de Montigny, infirmière et chercheuse spécialisée en deuil périnatal, et Lory Zephyr, psychologue spécialisée en santé mentale maternelle, répondent aux questionnements de l’animatrice dans le documentaire.

Celles-ci explorent des pistes de réflexion pour un « meilleur accompagnement et une meilleure prévention », explique l’animatrice. Le deuil périnatal est de plus en plus discuté. Divers projets abordent la question, dont le livre Le deuil invisible : se reconstruire après la perte de son enfant en période périnatale, écrit par Lory Zephyr en compagnie de la journaliste Jessika Brazeau et publié cet automne. Mais, le sujet reste « tabou », affirme Marie-Josée Gauvin.

« Ce que je retiens, c’est que c’est important d’amener des solutions et de la lumière, » estime-t-elle.

Le projet s’adresse à tout le monde, croit Marie-Josée Gauvin. « Tant nous qui avons vécu ça que dans ta famille ou dans ton entourage, dit-elle. Quand ça va arriver à quelqu’un, tu vas mieux comprendre ce qui se passe. »

Le documentaire J’ai perdu mon bébé sera présenté le lundi 12 décembre à 20 h sur Canal Vie. Il est déjà en ligne sur Crave.

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