Du 2 au 3 mars 2024

La Nuit blanche dévoile sa programmation

Évènement signature de l’hiver montréalais, la Nuit blanche aura lieu cette année du 2 au 3 mars. Au programme de cette 21e édition, plus de 100 activités dans huit pôles de la métropole autour du thème du fantasme. Le réseau de la Société de transport de Montréal sera encore cette année ouvert toute la nuit pour permettre aux festivaliers de découvrir sept parcours dans huit secteurs de la ville : le Quartier des spectacles, le centre-ville, le Vieux-Montréal, le Plateau Mont-Royal, le Quartier latin, le Village, le Mile End et Hochelaga. Cette année encore, le Quartier des spectacles s’animera jusqu’à 2 h du matin et sera le cadre de nombreuses activités gratuites, comme la grande roue, le sentier de patin aérien et la patinoire de l’esplanade tranquille. La Ville de Montréal a indiqué jeudi avoir accepté les demandes des établissements qui souhaitent servir de l’alcool jusqu’à 6 h ou 8 h du matin pendant l’évènement. — Catherine Handfield, La Presse

Livres québécois brûlés et retirés

L’Assemblée nationale condamne des « épisodes de censure »

L’Assemblée nationale a adopté jeudi une motion à l’unanimité dénonçant la censure contre Myriam Daguzan Bernier et Elise Gravel, deux autrices québécoises qui ont respectivement vu leurs livres brûlés et retirés d’une bibliothèque.

Proposée par le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, ladite motion s’inquiète entre autres « des récents épisodes de censure visant des livres jeunesse québécois » et réaffirme le soutien des élus québécois « aux écrivaines québécoises Elise Gravel et Myriam Daguzan Bernier, ainsi qu’à l’illustratrice Cécile Gariépy, dont les livres ont été récemment la cible de censure ».

« Que l’Assemblée nationale réitère son adhésion à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression et à la libre circulation des idées », énumère aussi le texte législatif, qui a reçu l’appui des 106 députés présents qui se sont exprimés par vote électronique.

Le premier évènement est survenu mardi, lorsque la candidate républicaine au poste de secrétaire d’État du Missouri, Valentina Gomez, a suscité la controverse après avoir brûlé au lance-flammes un exemplaire de Naked, traduction anglaise de Tout nu !, un livre québécois jeunesse traitant de questions liées à la sexualité.

Tout nu ! a été publié en mars 2019 chez Cardinal. L’ouvrage, conçu comme un dictionnaire sur la sexualité, s’adresse aux jeunes et aux adolescents. Au Québec, l’œuvre écrite par Myriam Daguzan Bernier et illustrée par Cécile Gariépy a remporté le Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal en 2020.

« Il fallait qu’on réitère le consensus québécois contre cette dérive conservatrice qu’on voit aux États-Unis. On ne peut pas juste la laisser aller sans rien dire, parce que sinon, cette forme d’ignorance et de violence, ça pourrait se répandre », a expliqué jeudi le député Sol Zanetti, après l’adoption de sa motion, en évoquant « une menace à la démocratie ».

« Ceux qui ont brûlé des livres dans l’histoire ont fait énormément de mal et de morts. Ce ne sont pas des symboles à prendre à la légère. Des livres, c’est fait pour allumer des débats, pas des feux. »

— Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage

L’autrice Myriam Daguzan Bernier, elle, n’a pas caché qu’elle était estomaquée par cette affaire. « Ça me fait vraiment peur, parce qu’il n’y a aucune intelligence derrière ça. C’est justement que de la peur. Ça ne peut pas donner de bons résultats, tout ça », a-t-elle confié. Elle dit surtout être bouleversée par le fait que les jeunes membres de la communauté LGBTQ+ « vont probablement voir cette vidéo ».

La liberté d’expression en jeu ?

On apprenait par ailleurs jeudi, dans un texte du chroniqueur de La Presse Marc Cassivi, que la Bibliothèque publique juive de Montréal (BPJ) venait de mettre Une patate à vélo ainsi qu’une trentaine d’autres livres de l’autrice à succès Elise Gravel à l’index. Il s’agirait d’une décision de son nouveau directeur général, Alain Dancyger, qui fut à la tête des Grands Ballets Canadiens (GBC) pendant 22 ans.

Mme Gravel dénonce régulièrement sur les réseaux sociaux la situation dans la bande de Gaza et la mort de milliers d’enfants palestiniens, souvent par des croquis. Certains l’ont accusée d’antisémitisme au cours des derniers mois, ce que l’autrice condamne.

« C’est un peu si on disait aux auteurs : “Faites attention à ce que vous dites politiquement, parce qu’on pourrait retirer les livres non pas pour leur contenu, mais pour vos positions.” La liberté d’expression, après ça, elle va vraiment être atteinte si on tolère ça », estime à ce sujet M. Zanetti, qui espère voir la bibliothèque revenir sur sa décision.

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, a aussi déploré les deux évènements. « Mettre des livres à l’index, là, je pense que ça fait un peu vieux curé des années 1900, on est ailleurs », a-t-il lâché en mêlée de presse à l’Assemblée nationale. « Brûler des livres, là, un moment donné, on est en 2024. »

Située dans le quartier Côte-des-Neiges, la BPJ, elle, affirme que l’ensemble des œuvres de l’autrice « sera toujours accessible, sur demande ». « Cette approche reflète notre engagement à répondre aux différentes préoccupations et sensibilités de la collectivité tout en permettant l’accès à une diversité de perspectives », a dit une porte-parole dans un communiqué. Le directeur général, Alain Dancyger, n’a toutefois pas répondu à notre demande d’entrevue.

— Avec La Presse Canadienne

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