À l’école du système D
De la verdure au cœur du bunker
École Louis-Joseph-Papineau, quartier Saint-Michel, Montréal
L’école ressemble à un bunker. Les élèves en adaptation scolaire passent parfois la journée sans voir la couleur du ciel, dans un local sans fenêtres. « Au moins, on a de la verdure au fond de la classe grâce à nos semis », dit leur enseignant, David Pion, en désignant les étagères éclairées garnies de plants de tomates, de basilic, de rhubarbe et autres, qui poursuivront leur croissance dans le Jardin des Patriotes, aménagé depuis deux ans sur le terrain de l’école Louis-Joseph-Papineau.
LE PROJET
Un jardin de 600 m2 et des arbres fruitiers, dont les récoltes sont vendues au Marché solidaire Saint-Michel, distribuées dans des paniers de l’organisme Ma boîte à provisions et utilisées par des cuisines collectives. « Les gens peuvent manger des produits cultivés dans leur quartier, se réjouit Karine Lévesque, instigatrice du projet. On aimerait que le jardin s’autofinance, pour ne plus dépendre des subventions. »
LES COÛTS
23 000 $ la première année
40 000 $ par année pour la suite, avec l’embauche d’un chargé de projet
LE FINANCEMENT ET LES APPUIS
Subventions et dons du Réseau réussite Montréal, de la Caisse Desjardins du Centre-est de la métropole, d’Emplois d’été Canada, du ministre de l’Environnement David Heurtel, député du secteur, de la Fondation TD des amis de l’environnement, de la Fondation Toyota Evergreen, d’Arbres Canada, de la Fondation Monique-Fitz-Back pour l’éducation au développement durable et de Forces Avenir, en plus de partenariats avec l’Éco-quartier, le PARI Saint-Michel, Vivre Saint-Michel en santé (VSMS), l’Accueil Bonneau, le Carrefour Jeunesse-Emploi et l’organisme Ça pousse.
LES EMBÛCHES
La Commission scolaire de Montréal a d’abord répondu à Karine Lévesque que le sol ne respectait pas les normes exigées pour faire pousser des végétaux destinés à la consommation. « Il a fallu que la direction mette son pied à terre et qu’on obtienne l’appui du ministère de l’Environnement », dit Mme Lévesque, qui a par la suite été honorée par la commission scolaire pour son engagement.
L’enseignante a investi un temps fou dans les demandes de subventions. Comme elle ne pouvait pas recevoir certains fonds et faire certains achats directement, elle a dû s’associer à des organismes communautaires qui servent d’intermédiaires. Elle prépare d’ailleurs un guide des demandes de subventions et des sources potentielles de financement pour aider ceux qui démarrent des projets semblables ailleurs.
LES BÉNÉFICES
Moins d’absences, moins de retards, plus de motivation, beaucoup de fierté. « Arroser les plants, c’est mon moment préféré de la journée », dit Luisa Corrales, élève en adaptation scolaire. « Un élève délinquant m’a déjà dit que ça le calmait de se changer les idées en travaillant dans le jardin », raconte Karine Lévesque.
La petite école sauvée grâce au sport
École primaire L’Envol, Saint-Éloi, Bas-Saint-Laurent
C’est le sport qui tient en vie la petite école du petit village de Saint-Éloi, dans le Bas-Saint-Laurent. Et, par le fait même, qui ralentit le dépérissement de cette localité de 300 âmes, juchée dans les hauteurs de Trois-Pistoles.
L’école L’Envol risquait de fermer en septembre prochain, en raison du trop petit nombre d’élèves : ils n’étaient plus que 16 en juin 2016. « Il nous manquait trois élèves pour garder deux groupes ouverts, raconte la directrice, Guylaine Ouellet. Ça nous prenait un projet différent, pour attirer quelques élèves. » Parents, enseignants, élus municipaux et gens d’affaires se sont donc mobilisés pour monter et financer un programme axé sur le sport, dans le but de séduire des élèves des environs.
LE PROJET
Au moins une heure d’éducation physique chaque jour, en plus de sorties d’équitation, de natation et de ski, entre autres
LES COÛTS
12 000 $ la première année du programme, notamment pour l’achat d’équipements sportifs
8000 $ par année ensuite, en salaires supplémentaires pour les enseignants d’éducation physique et les sorties sportives
LE FINANCEMENT
Contributions de la Caisse Desjardins de l’Héritage des Basques, de la municipalité, de Pacte rural, d’un ancien élève et des parents. Fonds recueillis lors d’un souper-bénéfice et grâce à la récupération de canettes.
LES EMBÛCHES
La communauté sera sollicitée chaque année pour que le programme puisse continuer. « Ça demande beaucoup de temps et d’énergie, au détriment d’autres tâches. Mais c’est important de se battre pour la survie de l’école. Ça fait partie en quelque sorte de ma mission, qui est d’assurer la réussite des élèves », souligne la directrice.
LES BÉNÉFICES
Saint-Éloi a remporté son pari : quatre nouveaux élèves fréquentaient l’école au cours de l’année scolaire qui se termine, et six autres s’ajouteront à la prochaine rentrée. La menace de fermeture s’estompe peu à peu.
Les résultats scolaires se sont également améliorés, affirme David Michaud, enseignant en 4e, 5e et 6e année. « Il faudra faire une analyse plus poussée, mais la plupart des élèves ont de meilleures notes, dit-il. Les parents me disent aussi que leurs enfants sont plus motivés. »
La cour aux mille livres
École La Magdeleine, La Prairie
L’école secondaire La Magdeleine, à La Prairie, a été conçue il y a près de 50 ans, avec quelques petites cours intérieures. Pendant tout ce temps, la plupart de ces espaces n’ont jamais été utilisés et mis en valeur. Des élèves de la Ligue des individus militants pour une Mag écologique (LIMME) ont demandé, il y a quelques années, d’aménager l’un des terrains laissés en friche pour en faire une oasis de calme pour la lecture. Quand le projet s’est concrétisé, l’automne dernier, certains instigateurs du projet étaient déjà passés au cégep…
LE PROJET
Une cour intérieure abandonnée, réaménagée pour la lecture avec des coussins, des chaises de jardin, des fleurs, des mangeoires d’oiseaux et une boîte d’échange de livres
LES COÛTS
Environ 5000 $
LE FINANCEMENT
1500 $ en subvention du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) pour l’embellissement des cours d’école. Le reste provient du budget de l’école et de la commission scolaire. Les boîtes à livres et les mangeoires ont été fabriquées par les élèves en adaptation scolaire.
LES EMBÛCHES
La direction était réticente au départ, notamment parce qu’il fallait affecter un enseignant à la surveillance des lieux le midi. « Mais les élèves se sont acharnés et ont fini par convaincre la direction, qui a trouvé des fonds », souligne Damien Madgin, enseignant responsable du projet.
Suer pour mieux calculer
École secondaire Mont-Bleu, Gatineau
Comment avoir les idées claires pour s’attaquer à des équations mathématiques qui peuvent sembler insolubles ? Rien de tel que de se colletailler avec un punching bag, transpirer sur un vélo stationnaire ou danser frénétiquement au rythme d’une vidéo d’aérobie pendant 30 minutes, juste avant le cours de maths. Les élèves en adaptation scolaire de l’école secondaire Mont-Bleu, à Gatineau, soumis à ce régime depuis cinq ans, ont vu leurs notes augmenter de 15 % en moyenne. « Les résultats sont spectaculaires ! », témoigne le directeur, Pierre Ménard. « À leur retour en classe, les élèves sont plus concentrés, plus calmes, ce qui leur permet de voir toute la matière en moitié moins de temps. »
LE PROJET
Commencer le cours de maths par 30 minutes d’activité physique intensive, afin de favoriser la concentration.
Érik Guimond, enseignant d’éducation physique et conseiller pédagogique à la commission scolaire des Portages-de-l’Outaouais, s’est intéressé aux recherches scientifiques sur le sujet et a proposé différentes formules aux écoles. Certaines organisent des « pauses actives » : les enseignants font bouger les élèves quelques minutes au milieu d’une période, grâce à des fiches d’exercices, d’autres font réciter les tables de multiplication en sautant ou organisent une « traversée du Canada » sous forme de course autour de la cour.
LES COÛTS
9000 $ au démarrage pour les équipements sportifs et l’aménagement du local
2250 $ par an ensuite, notamment pour les ressources humaines supplémentaires
LE FINANCEMENT
Fondation Jumpstart de Canadian Tire et d’autres entreprises
LES EMBÛCHES
Les élèves aiment sortir de la classe, mais n’y mettent pas toujours assez d’énergie : ils doivent respecter des consignes précises et se démener assez pour faire perler la sueur sur leur front.
À cause des coûts et du manque de locaux, le programme ne peut être offert qu’à un nombre limité d’élèves.
LES BÉNÉFICES
Une hausse de 15 % des résultats en mathématiques
Des élèves plus concentrés, plus calmes, plus motivés
Abattre les murs de l’école
École Cedar Street, Beloeil
François Couture est une vraie dynamo. Le directeur de l’école primaire anglophone Cedar Street, à Beloeil, nous guide au pas de course : local de robotique, jardin, serre, projet multimédia avec un artiste local, casques de réalité virtuelle… On n’a pas l’air de s’ennuyer ici !
Pour financer ces multiples projets, le directeur frappe à toutes les portes. « Les demandes de subventions exigent beaucoup de temps, mais ces projets sont motivants pour les jeunes », dit-il.
LES PROJETS
Une classe extérieure – des tables avec parasols – où les enseignants sortent avec les élèves quand il fait beau
Un mur vert où les élèves font pousser des fines herbes, avec un système d’irrigation pour l’arrosage automatique
Un atrium de lecture extérieur, avec des chaises et une toile pour protéger du soleil
LES COÛTS
10 000 $ pour la classe extérieure
3000 $ pour le mur vert
16 000 $ pour l’atrium de lecture
LE FINANCEMENT
Subvention du MELS pour l’embellissement des cours d’école, contributions de la Ville de Beloeil, de la Fondation TD des amis de l’environnement, de la Fondation scolaire South Shore, liée à la commission scolaire Riverside, et du programme Advancing Learning in Differentiation and Inclusion pour les écoles anglophones
Collectes de fonds : vente d’agrumes, vente de bulbes et lunchs Subway chaque mois (2,25 $ par sandwich commandé revient à l’école)
LES EMBÛCHES
Des règles contraignantes, comme l’obligation d’installer une base en béton pour la classe extérieure
Beaucoup de temps pour établir des contacts dans la communauté et faire des demandes de financement
LES BÉNÉFICES
« Beaucoup de parents me disent que leurs enfants ont hâte d’arriver à l’école le matin », affirme François Couture. « J’aime m’occuper du compost et des plantes. En plus, c’est le fun d’être dehors, tu peux respirer », témoigne Alissa Turnbull, 5e année.