MODERNA INSTALLERA SES PÉNATES AU CANADA

Montréal est pressentie pour accueillir les futurs centre de recherche et usine de production de vaccins à base d’ARN messager qu’ouvrira la société pharmaceutique au cours des prochaines années.

Montréal est pressenti pour accueillir le centre de recherche et l’usine de production de vaccins à base d’ARN messager qu’ouvrira la société pharmaceutique au cours des prochaines années.

Ottawa — La société de biotechnologie Moderna, qui fabrique l’un des trois vaccins contre la COVID-19 les plus utilisés dans le monde, installera ses pénates au Canada. La société compte investir « des centaines de millions de dollars » au pays au cours des prochaines années afin d’y ouvrir un centre de recherche et une usine de production de vaccins à base d’ARN messager, a appris La Presse. Et Montréal est dans la ligne de mire de Moderna.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, confirmeront la venue du géant pharmaceutique durant une conférence de presse ce mardi à Montréal. Cette annonce se veut l’aboutissement de plusieurs mois d’échanges et de pourparlers entre M. Champagne et le PDG de Moderna. Elle représente surtout une « étape cruciale » dans les efforts du gouvernement Trudeau visant à reconstruire le secteur de la biofabrication et des sciences de la vie au pays.

Cette annonce survient tandis que le premier ministre Justin Trudeau s’apprête à convoquer les électeurs aux urnes.

Selon nos informations, le premier ministre devrait se rendre à Rideau Hall dimanche pour demander à la nouvelle gouverneure générale, Mary Simon, de dissoudre le Parlement. Les élections fédérales devraient avoir lieu le lundi 20 septembre.

La pandémie de COVID-19 a fait ressortir la vulnérabilité du Canada sur plusieurs fronts, notamment l’absence de production locale de vaccins efficaces contre le coronavirus et l’absence de production d’équipements de protection individuelle par des entreprises canadiennes, entre autres choses.

À terme, l’objectif du ministre Champagne, qui dirige le ministère de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie depuis le mois de janvier seulement, est de faire en sorte que le Canada ne soit plus jamais dépendant de la production de vaccins dans des usines établies à l’étranger dans le cas où une autre pandémie surviendrait.

« Un gain majeur pour le Canada »

Bien que la société n’ait pas encore annoncé l’endroit où elle aura pignon sur rue au Canada, Montréal part avec une longueur d’avance sans équivoque sur les autres villes du pays comme Toronto ou Vancouver, selon nos informations. L’importance du secteur pharmaceutique dans la métropole québécoise joue en sa faveur. L’emplacement de la future usine et du futur centre de recherche devrait être annoncé au cours des prochaines semaines.

« Si la ville de Montréal a été choisie pour la conférence de presse, ce n’est pas un hasard. C’est de bon augure. Mais attirer Moderna au Canada, c’est une avancée majeure pour rebâtir notre capacité de biofabrication au pays », a indiqué une source gouvernementale bien au fait du dossier.

Dans une entrevue accordée à La Presse lundi, le ministre Champagne a confirmé avoir réussi à convaincre l’un des deux grands fabricants de vaccins à base d’ARN messager dans le monde – l’autre étant Pfizer/BioNTech – de s’installer au pays.

« Quand on réussit à amener des joueurs de calibre mondial comme cela, cela nous donne des résultats quand on parle de rebâtir notre capacité de biofabrication. Tous les pays du G7 voudraient voir ces compagnies s’installer chez eux. Moderna est bien installée aux États-Unis, mais ce sera la première fois que la société accepte d’installer un centre d’excellence dans les vaccins ARN dans un autre pays. Quand on parle de vaccins ARN, c’est l’avenir. Oui, il y a le vaccin contre la COVID-19. Mais elle fait aussi des recherches pour traiter le cancer et d’autres maladies. Avoir cela chez nous, dans l’écosystème de recherche, dans l’écosystème de production locale, c’est assurément un gain majeur pour le Canada, », a affirmé le ministre.

Des détails à finaliser

En plus de son vaccin contre la COVID-19, Moderna compte déjà 24 vaccins et produits thérapeutiques en développement, y compris des vaccins contre la grippe, le VRS, le cytomégalovirus, le Zika et le VIH, en plus de produire des traitements contre les cancers et les maladies cardiaques.

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement Trudeau a annoncé plus de 1,2 milliard de dollars d’investissements dans le développement et la capacité de production de vaccins et de produits thérapeutiques au pays.

« Nous n’avons pas choisi le temps de la pandémie. C’est évident que nous ne choisirons pas non plus le moment de la prochaine. Mais il y a une chose que nous pouvons choisir, c’est d’être mieux préparés et d’être plus résilients. Et c’est exactement ce que nous faisons. »

— François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Il a aussi rappelé les investissements d’Ottawa dans Medicago, à Québec, et ceux dans la construction du nouveau laboratoire du Conseil national de recherches du Canada à Montréal, où la société Novavax doit fabriquer son vaccin contre la COVID-19 au début de 2022.

Même si M. Champagne fera l’annonce en compagnie du PDG de Moderna, qui se rendra à Montréal à partir de Boston, certains détails doivent être finalisés lors d’autres négociations entre le gouvernement fédéral et l’entreprise, notamment la capacité de production de l’usine de même que le calendrier de construction des nouvelles installations.

« M. Bancel et moi, cela fait des mois que l’on se parle ou on se texte à ce sujet. Ce sont des ententes complexes qui s’échelonnent sur plusieurs années, et il y a des engagements sur l’emploi, sur la recherche. Dans le cas de l’entreprise, cela représente des investissements de plusieurs centaines de millions », a affirmé le ministre Champagne.

Le Canada « résilient face à une pandémie future »

Selon nos informations, le gouvernement fédéral s’engagera à acheter une quantité des vaccins fabriqués dans les nouvelles installations au cours des prochaines années, entre autres choses. « L’entreprise donnera la priorité aux besoins de santé des Canadiens, et la construction d’une installation de production à l’intérieur des frontières canadiennes garantira que le Canada ne sera pas aux prises avec des restrictions d’approvisionnement transfrontalières », a-t-on indiqué.

Rappelons que le Canada est aujourd’hui quatre fois plus dépendant de l’étranger pour ses produits pharmaceutiques et pour les vaccins qu’il y a 40 ans.

Selon le ministre Champagne, l’arrivée de Moderna permettra d’assurer « la résilience du Canada face à une pandémie future. Mais aussi, cela nous donnera accès à d’autres vaccins qui peuvent évoluer sur cette plateforme ARN. C’est une plateforme où nous n’avions pas encore un joueur majeur qui a déjà commercialisé un vaccin et qui est approuvé dans plusieurs pays ».

« Oui, il y a plusieurs compagnies qui travaillent dans la recherche et le développement. Mais l’arrivée de Moderna nous permet de bonifier l’écosystème de la biofabrication. Nous avons un joueur reconnu dont le vaccin a été administré à 140 millions d’Américains et 8 millions de Canadiens. Tout cela crée des emplois de qualité chez nous, ça renforce l’écosystème de biofabrication et ça va permettre au Canada de jouer un rôle dans la santé à l’échelle mondiale. »

2,2 milliards de dollars

La somme que prévoit dépenser le gouvernement fédéral sur sept ans pour consolider le secteur de la biofabrication et des sciences de la vie et assurer une meilleure préparation à une nouvelle pandémie.

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