CIRQUE

Guy Laliberté prête main-forte aux 7 doigts

Le cofondateur du Cirque du Soleil parrainera la campagne de financement de la nouvelle Fondation Les 7 doigts de la main. L’homme d’affaires et mécène a donné le coup d’envoi de cette campagne en annonçant hier un don de 1 million.

Guy Laliberté a officiellement dévoilé sa contribution en présence des sept cofondateurs de la compagnie – Patrick Léonard, Gypsy Snider, Shana Carroll, Sébastien Soldevila, Samuel Tétreault, Isabelle Chassé et même Faon Shane, qui avait quitté le collectif en cours de route pour aller vivre en Allemagne.

Il faut rappeler que tous les artistes fondateurs des 7 doigts ont fait leurs débuts avec le Cirque du Soleil.

Ce sont eux qui ont communiqué avec Guy Laliberté, qui détient toujours 10 % du Cirque, pour leur parler de leur projet de fondation. « Ce sont tous des jeunes que j’ai vus grandir au Cirque du Soleil, nous a dit Guy Laliberté. En particulier Isabelle Chassé, qui avait peut-être 10 ans quand elle a fait son numéro de contorsion dans notre spectacle Nouvelle Expérience [en 1990]. »

Guy Laliberté leur a tout de suite proposé un don de 1 million par l’entremise de la fondation qui porte son nom, évoquant un « coup de cœur » pour « la gang » des 7 doigts.

« C’est une façon de dire à la communauté : c’est un autre beau petit bijou du Québec, un bijou de création, ils sont à leur croisée des chemins pour atteindre de nouveaux sommets, pour se donner les meilleurs outils, donc, moi, je fais mon geste et je rends crédible leur démarche. Si moi, je ne le fais pas avec l’histoire que j’ai, je ne sais pas qui le fera. »

CENTRE ET FONDATION

L’annonce de cette campagne coïncide avec l’emménagement des 7 doigts dans leur nouveau Centre de création et de production – dans l’immeuble qui abritait le musée Juste pour rire. Le collectif de cirque montréalais vient en effet de prendre possession des bureaux, mais les nouveaux locaux, qui incluent trois studios, ne seront inaugurés qu’en avril [au 2111, boulevard Saint-Laurent].

Le directeur général des 7 doigts, Nassib El-Husseini, qui planche depuis près de 10 ans sur ce projet de centre de création – dont le coût de transformation est d’environ 15 millions – , a souligné l’importance pour la compagnie d’élargir sa mission en menant des projets de recherche et d’innovation en cirque, parallèlement à ses créations.

« On veut pousser plus loin les limites de ce qu’on peut faire en cirque, un peu comme on le fait avec la chaire de recherche de l’École nationale de cirque de Montréal », a précisé Nassib El-Husseini. 

« On parle d’un travail d’exploration, mais aussi de la formation d’une relève en cirque – sous forme d’ateliers ou de stages. » — Le directeur Nassib El-Husseini

Dès la formation des 7 doigts, en 2002, Guy Laliberté a donné un coup de pouce à « ses » jeunes qui, aujourd’hui, se tournent à leur tour vers la relève.

« C’était une démarche évolutive, faite avec beaucoup de passion, considère Guy Laliberté. Leur premier show [Loft] était innovateur, touchant. Ils entraient sur scène en passant par un frigo. Pour moi, c’est un coup de cœur, un gros coup de cœur pour des jeunes que j’ai aimés et qui ont trouvé leur propre niche et leur personnalité. C’était mes jeunes de l’époque que j’ai vus grandir et qui, aujourd’hui, volent de leurs propres ailes. »

Les 7 doigts veulent aussi doter leur nouveau Centre de création et de production d’équipements « intelligents ». Le directeur général du collectif donne l’exemple de résidences de création à distance ou de préauditions à distance – pour éviter que des artistes étrangers ne se rendent jusqu’ici « pour après se faire dire non ».

OBJECTIF : 5 MILLIONS

L’objectif de la Fondation Les 7 doigts de la main est de recueillir une somme de 5 millions en cinq ans. Parmi les autres donateurs, on compte Investissement Québec, la Caisse d’économie solidaire, mais aussi deux autres anciens du Cirque du Soleil, Daniel Gauthier et Gilles Ste-Croix. À eux quatre, ils ont fait une contribution de 500 000 $.

Nassib El-Husseini se réjouit de cette participation des anciens bonzes du Cirque. « Ça me réchauffe le cœur de voir que notre communauté immédiate croit en nous. » « Je pense que leur logique [à Daniel Gauthier et à Gilles Ste-Croix] est la même que la mienne », nous dit Guy Laliberté, qui n’a jamais perçu Les 7 doigts comme des « concurrents ».

« Pour moi, c’est un geste de continuation pour aider Montréal à se positionner sur la scène internationale comme destination cirque, insiste Guy Laliberté. Un peu comme avec le quartier Saint-Michel et la TOHU. J’espère aussi que ça envoie un message aux gouvernements pour qu’ils soutiennent ces compagnies, qui rayonnent dans le monde et qui méritent plus d’attention. »

Le don de Guy Laliberté, étalé sur cinq ans, permettra notamment de mettre en place un premier projet de cirque avec les Inuits du Grand Nord québécois baptisé Unikkausivut/Our Stories, mené par Patrick Léonard.

La Fondation, qui a obtenu son statut d’organisme de bienfaisance l’automne dernier, est dirigée par un conseil d’administration présidé par François Dépelteau. Sept membres font partie du C.A. : Francis Baillet, Éric Batiot, Thomas Lightburn, Danielle Sauvage, Richard Stursberg, Isabelle Chassé et Nassib El-Husseini.

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