Mode

Les belles histoires d’Amélie

Petite Édition fait des patrons de vêtements imaginés d’après la vie de personnages de romans

Avec la pandémie et le mouvement slow fashion, plusieurs personnes ont commencé, ou recommencé, à faire des vêtements. Comme d’autres du pain.

Le phénomène a motivé Amélie Grenon à lancer Petite Édition et à vendre en ligne des patrons de vêtements qu’elle crée avec en tête des héroïnes de romans.

Comme celles qui habitent l’univers de Jane Austen, dont la créatrice a lu l’œuvre intégrale. Si l’héroïne en question a une personnalité atypique, elle risque davantage d’attirer l’attention d’Amélie.

« Dans le cas d’Austen, tout le monde aime bien Elizabeth Bennet, raconte la créatrice de vêtements, rencontrée à la Grande Bibliothèque. Moi, j’aime Emma. Même si elle fait tout tout croche et qu’elle a plein de défauts. »

Marier deux passions

Amélie Grenon a commencé à coudre il y a quelques années. Elle fait actuellement sa maîtrise en histoire en pratique à l’Université de Montréal et s’intéresse à l’histoire du vêtement avec l’espoir de travailler dans le design de costumes.

Petite Édition lie ses deux passions.

« Ce n’est pas tant inspiré des livres que de mon expérience des livres », précise la jeune créatrice que nous avions d’abord rencontrée dans un salon d’entrepreneuriat autiste.

Car oui, c’est bien d’une entreprise qu’il est question. Amélie s’occupe de tout, de la création à la commercialisation, bien que ce soit pour le moment à petite échelle, essentiellement au moyen d’Instagram.

Amélie est aussi autiste. Et si elle ne veut pas en faire un outil de promotion, ce qui serait si facile, dit-elle, elle ne veut pas faire pire : le cacher.

« Miser là-dessus pourrait être intéressant, parce qu’il y a toute cette idée de la diversité, surtout que je travaille sans taille standardisée », dit-elle.

C’est donc davantage en affichant l’inclusion qu’elle prône la richesse et l’importance de la différence.

« Ça se voit un peu dans mes choix, avoue-t-elle aussi. Anne de la maison aux pignons verts, selon moi, pourrait totalement être autiste. J’ai des amies autistes qui lui ressemblent beaucoup. Qui parlent beaucoup, de cette même manière, qui aiment les livres et qui ont beaucoup d’imagination. Ce sont des traits un peu autistiques. »

Anne, aujourd’hui

La campagne de sociofinancement de Petite Édition est toujours en cours pour couvrir une séance photo pour les prochains modèles, qui sont très romantiques, très doux.

« Je choisis mes inspirations un peu par hasard. Ça peut être un roman précis ou un conte de fées. Je veux raconter une histoire à travers les vêtements. Je m’intéresse surtout à des moments. À ce que les personnages pourraient porter à leur époque, mais même ce qu’elles porteraient aujourd’hui. »

– Amélie Grenon, de Petite Édition

C’est avec en tête Anne, la maison aux pignons verts qu’Amélie lancera ces jours-ci ses nouveaux patrons, uniquement en format numérique.

« Anne aimait les manches bouffantes, mais je suis allée au contraire vers une camisole pour faire quelque chose de plus intime, qu’elle pourrait porter avec ses amies dans une soirée où elles se racontent des histoires. Pour moi, c’est un roman qui parle beaucoup d’amitié. C’est un peu ça qui m’inspirait. »

Amélie offre gratuitement des patrons avant de les commercialiser, pour les tester. Elle entend conserver ce modèle d’affaires, même lorsque Petite Édition sera devenue plus grande.

Car l’idée est de grandir, dans un marché où il y a de la place pour le faire.

« L’offre est bien meilleure en Europe, estime Amélie Grenon, parce qu’il y a aussi une plus grande clientèle. En Europe, il y a toujours cette idée que “grand-mère cousait et elle m’a donné sa machine à coudre”. Ici, ça se voit un peu moins. Les gens font de la couture utilitaire, plus que des robes, dans leurs temps libres avec les techniques haute couture. »

Petite Édition entend présenter des modèles à faire entièrement à la machine et d’autres avec des finitions haute couture qui doivent être faites à la main.

Il y a trois modèles offerts actuellement. Il devrait y en avoir six supplémentaires avec le lancement de la collection Anne, dont la première partie sera offerte durant le mois de novembre, avec toujours au moins un modèle téléchargeable gratuitement.

Juste à temps pour Noël... mais il s’agit d’une sortie primeur puisque ce sont des vêtements d’été : jupes, camisole, robes.

Amélie veut poursuivre sa croissance en bonifiant sa présence sur les réseaux sociaux et dans les salons d’artisans. Peut-être un jour faire des collaborations et, dans ses rêves les plus fous, travailler avec des marques de vêtements pour que ses créations soient aussi portées par celles qui ne peuvent pas les faire elles-mêmes.

Pour que ces héroïnes différentes poursuivent leurs vies bien au-delà du livre qui a inspiré Amélie.

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