LHJMQ

Des champions à l’image de leur entraîneur

Québec — Il n’a marqué aucun but et n’a effectué aucun arrêt dans les séries éliminatoires de 2023, mais tous soulignent sa contribution exceptionnelle dans la conquête du championnat par les Remparts de Québec. Selon eux, l’entraîneur-chef Patrick Roy a insufflé l’identité gagnante qu’il fallait pour remporter le trophée Gilles-Courteau.

La perspective de le voir quitter l’équipe, au terme de la présente saison, a unifié les troupes, affirme James Malatesta, le joueur le plus efficace des dernières séries dans la LHJMQ.

« Toute la saison, c’était une motivation pour nous, insiste celui qui porte le nom de famille le plus épelé à Québec depuis une semaine. On était plusieurs à se dire que c’était notre dernière année ici, et potentiellement Patrick aussi. Depuis toutes ces années, il a donné le 100 % de lui-même et c’est très émotif [de le voir gagner]. »

Le principal intéressé se tourne vers ses collaborateurs de longue date lorsqu’on le questionne sur la signification de cette autre victoire, l’un des championnats qui manquaient à son impressionnant tableau de chasse.

Il en évoque deux en particulier, le président Jacques Tanguay et la directrice des services à l’équipe et des relations médias chez les Remparts, Nicole Bouchard. Un « partenaire extraordinaire » et une « grande sœur » au soutien indéfectible.

« Il m’a toujours supporté et aidé, dit Roy à propos de Tanguay. J’ai aussi ma grande sœur Nicole, qui a toujours été avec moi. Je me considère comme chanceux. »

Lorsque l’homme d’affaires avait demandé à Roy de rentrer au bercail, en 2018, les deux amis avaient évoqué ce trophée manquant. Ils ont mis le paquet pour combler le vide.

« Ça faisait longtemps qu’on en parlait, Jacques et moi, confie le pilote de 57 ans. Quand il m’a demandé de revenir pour mon deuxième séjour avec l’équipe, c’était clair qu’on y allait all in. Dans le passé, on voulait protéger l’avenir du club, mais [on a été plus agressifs cette année]. »

Les deux complices en faisaient une fixation dans les bureaux de l’équipe : « On en parlait cinq fois par jour depuis le début de l’année, raconte Jacques Tanguay. Ç’a été une saison remplie d’émotions et on y a cru du début à la fin. »

Un « grand accomplissement »

Nicole Bouchard acquiesce, elle qui a « entendu » le dernier but des Mooseheads de Halifax et la riposte éclair des Remparts, en fin de troisième période, puisqu’elle se trouvait sous les gradins. La joie qu’elle éprouvait était « indescriptible » après la quatrième victoire contre Halifax.

« Les joueurs méritent le gros du crédit, mais Patrick [Roy], Ben[oît Desrosiers, son adjoint], Stéphane [Savard, le gérant d’équipement]… », détaille-t-elle.

« Tout le monde l’a mérité, et je ne veux pas les nommer de peur de les oublier. De voir Patrick gagner ça, c’est sûr que c’est spécial. Il la voulait, celle-là, et il n’arrêtait pas de le dire. »

– Nicole Bouchard

Cela ne s’est jamais fait au détriment des êtres humains, l’une des valeurs non négociables de l’organisation.

« Lors de mon opération, ils ont toujours été là, rappelle Mikaël Huchette, qui a raté un peu plus de quatre mois après avoir été opéré aux poignets. C’est spécial de pouvoir leur redonner de cette façon. Si c’était le dernier match de Patrick, il doit être l’homme le plus heureux sur la terre. »

Jacques Tanguay qualifie le premier titre de séries éliminatoires de la deuxième génération des Remparts comme d’un « grand accomplissement » des quatre dernières saisons. Surtout que le Phœnix de Sherbrooke et les Olympiques de Gatineau ont été de coriaces adversaires après les Fêtes.

« Dans toutes mes années dans la LHJMQ, je n’ai jamais vu un carré d’as comme celui de cette année », tranche l’homme à la tête du programme de football du Rouge et Or de l’Université Laval.

« On aurait dû la gagner l’an passé, mais on ne l’a pas fait », s’empresse-t-il de faire remarquer en évoquant l’élimination crève-cœur contre Shawinigan.

« Ce championnat, c’est le premier, et pour nous, il est très significatif, mais le plus dur reste à gagner. C’est celui qu’on va entamer la semaine prochaine. »

– Jacques Tanguay

Sans la nommer directement, Tanguay fait allusion à la Coupe Memorial, dont il a soulevé le trophée avec Patrick Roy en 2006, l’année de la première saison du numéro 33 comme entraîneur-chef au hockey junior.

Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis la pétarade d’Alexander Radulov et sa bande. Andrée P. Boucher était mairesse de Québec, Jean Charest venait de mettre ses deux mains sur le volant à Québec et le premier ministre du Canada Stephen Harper promettait de faire une place à la Belle Province à l’UNESCO.

Nicole Bouchard était sur place, à Moncton en 2006, lorsque les Diables rouges ont bu dans le trophée le plus difficile à gagner dans le hockey junior canadien. Elle accompagnera l’équipe à Kamloops, en Colombie-Britannique, dans les prochaines heures.

« Je suis prête, les amis ! », a conclu le bras droit de Patrick Roy chez les Remparts quelques minutes après la sixième rencontre de la finale 2023.

Le prochain match des Remparts de Québec est prévu vendredi contre le club hôte de la Coupe Memorial, les Blazers de Kamloops.

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