COVID-19

Des traitements améliorés, mais pas de panacée

« Nous avons le meilleur équipement médical, nous avons les meilleurs médicaments, tous développés récemment », a affirmé Donald Trump en quittant l’hôpital lundi. Si l’enthousiasme du président est jugé exagéré par la communauté médicale, les médecins savent beaucoup mieux comment traiter la COVID-19 qu’au printemps. Voici un tour d’horizon des améliorations.

Respirateurs

La grande différence non médicamenteuse est l’utilisation plus tardive de respirateurs. « Nous avons connu un changement de paradigme pour le traitement de la maladie », explique Gordan Samoukovic, intensiviste au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Nous comprenons mieux comment la COVID-19 progresse, par rapport à d’autres infections respiratoires. Au début, nous placions très rapidement les patients sous intubation, en suivant la recette pour d’autres infections comme la grippe.

Mais comme il y a des dommages à d’autres organes à cause de l’inflammation et aussi un risque de caillots sanguins, l’intubation durait longtemps, ce qui causait des dommages aux poumons à cause du volume et de la pression de l’air des respirateurs. Nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait la retarder si on suivait de très près l’état des patients. » L’utilisation d’oxygénation par canules, des petits tubes qui entrent peu profondément dans les narines, est privilégiée.

Antibiotiques

Pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autres problèmes que la COVID-19, des doses importantes de plusieurs antibiotiques sont données aux patients. « Ça évite qu’il y ait des infections secondaires bactériennes qui compliquent le traitement », dit le DSamoukovic.

Anticoagulants

Quand les médecins se sont rendu compte du risque de caillot sanguin, qui mène à des thromboses et à des AVC, ils ont introduit des anticoagulants. « Contrairement aux autres virus respiratoires, il y a des dommages aux vaisseaux sanguins au niveau de la microcirculation, qui génèrent des caillots, dit l’intensiviste du CUSM. Ça crée les dommages aux autres organes, comme le rein, ça cause des crises cardiaques et ça fait des embolies pulmonaires. On s’est rapidement basés sur des algorithmes de traitements mis au point dans des pays touchés plus tôt, et on a commencé à être très agressifs pour les anticoagulants en prophylaxie. Et s’il y avait le moindre doute qu’il commençait à y avoir des caillots, on était très, très agressifs avec des anticoagulants intraveineux ou sous-cutanés. »

Stéroïdes

Le premier médicament spécifique pour la COVID-19 a été un stéroïde appelé dexaméthasone. « On en donne une dose pendant 10 jours au début, ça diminue le risque d’intubation et de mortalité, dit le DSamoukovic. On diminue l’inflammation et les dommages aux poumons et aux autres organes. Les membranes des poumons sont moins affectées. »

Antiviraux

Le président Trump a eu droit à plusieurs antiviraux expérimentaux, dont le remdésivir de la société Gilead et des anticorps monoclonaux mis au point par Regeneron (deux entreprises américaines). Ces deux médicaments ont été élaborés pour d’autres maladies, mais testés rapidement pour la COVID-19. « Ici, on s’en sert pour des essais cliniques, mais pas au niveau standard, on attend de voir les résultats », dit le DSamoukovic. Même chose pour le plasma de convalescent, un extrait de sang de patients guéris de la COVID-19 qui fait encore l’objet d’essais cliniques au Canada et ailleurs. Le DSamoukovic pense qu’il est très probable que d’ici quelques mois, il y aura plusieurs autres médicaments pour traiter la COVID-19.

Poumons artificiels

L’intensiviste montréalais supervise un essai clinique pour un poumon artificiel, extérieur, sur lequel sont branchés les patients les plus malades. « On a essayé ça pour dix patients qui étaient presque sûrs de mourir, et on en a sauvé six. On apprend à moduler les paramètres du poumon artificiel, les cinq derniers patients ont tous survécu. »

De 0,2 % à 1 %

Taux de mortalité moyen d’une infection à la COVID-19

Source : MedrXiv

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