TÉLÉPHONIE CELLULAIRE

La 5G est arrivée… mais est gourmande

La Presse a consommé plus de 7 Go en un seul après-midi de test

La Presse a officiellement essayé la 5G pour la première fois vendredi, à Outremont. C’est là, à 12 h 46 précisément, que nous avons enregistré une vitesse hors norme de 307 Mb/s, soit une vitesse trois fois plus rapide que ce qu’on obtient avec la bonne vieille 4G. Peu après, au centre-ville, une vitesse six fois plus rapide ahurissante a été enregistrée.

Bon, il s’agit d’une 5G « préliminaire » appelée à évoluer, préviennent les experts, et y goûter vous fera consommer des volumes astronomiques de données mobiles. Mais elle est bel et bien accessible.

Depuis jeudi, Montréal fait partie des cinq grandes villes canadiennes où Bell a lancé son réseau sans fil 5G. Seule Rogers en avait fait autant, en janvier dernier, mais ce réseau était réservé jusqu’à maintenant à une minorité d’utilisateurs triés sur le volet.

Ce n’est pas le cas de celui de Bell, maintenant accessible gratuitement sur demande à tous ses clients jusqu’en avril 2021 – après quoi, ils pourront choisir un forfait à 10 $ par mois. Ces clients doivent disposer d’un téléphone intelligent compatible avec la 5G provenant de la demi-douzaine de fabricants de modèles Android offerts au Canada.

Apple n’a toujours pas annoncé le lancement d’un iPhone 5G.

De 100 à 622 Mb/s

Équipé d’un de ces appareils, le Galaxy S20 Ultra 5G, le représentant de La Presse a d’abord testé différentes vitesses hors de la zone 5G définie par Bell. Grosso modo, elle s’étend du fleuve à l’autoroute Métropolitaine, entre les arrondissements de Côte-Saint-Luc et de Saint-Léonard.

La norme, dans ces secteurs non couverts par la 5G, est une vitesse de téléchargement autour de 100 Mb/s. À cette vitesse, il faut environ six minutes pour télécharger un film de qualité DVD.

Le premier test concluant a eu lieu à Outremont, au cœur du réseau 5G annoncé par Bell. Premier constat : près de l’hôtel de ville, au 543, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, nous avons obtenu une vitesse guère impressionnante de 94,2 Mb/s. Mais, surprise, 50 mètres plus loin, à l’ouest : la vitesse était de 307 Mb/s, vitesse la plus élevée que nous n’ayons jamais expérimentée sur un téléphone.

C’est un constat bien souvent évoqué quand on parle de la 5G, dont la portée est plus faible que celle de la 4G et qui est plus vulnérable aux interférences : on passe très rapidement d’une vitesse astronomique à une plus classique, à quelques dizaines de mètres de distance.

Au centre-ville de Montréal, à l’angle du boulevard René-Lévesque et de la côte du Beaver Hall, nous avons obtenu encore mieux : 622 Mb/s en aval, 57,1 en amont. Plus au nord, près du marché Jean-Talon, nous avons également obtenu une excellente vitesse de 584 Mb/s. Téléchargeable en six minutes, notre film l’est alors en une minute.

Gourmande en données

Nous avons cependant eu une très mauvaise surprise. Nos tests de vitesse sur le réseau 5G, avec l’application Speedtest d’Ookla, ont consommé près de 1 Go de données chaque fois. En une demi-journée, nous avons ainsi utilisé 7,2 Go de données.

« Il faut en être conscient et être vigilant avec notre utilisation de données », dit Nicholas Payant, vice-président, connectivité et infrastructures, chez Bell.

« De façon générale, plus les gens ont de la bande passante, plus ils consomment de données et plus les applications en profitent. »

— Nicholas Payant, vice-président, connectivité et infrastructures, chez Bell

Techniquement, précise-t-il, le réseau 5G de Bell utilise les fréquences déjà accessibles au 4G, soit celles dans la bande des 2,1 GHz. C’est par un petit exploit technologique de transmission multiple qu’on arrive à ces vitesses très élevées. Les fréquences très convoitées pour la 5G, celles dans les 7 GHz, ne seront mises aux enchères qu’en juin 2021. « Notre couverture va continuer de grandir, promet-il. Ce sont les premières versions, ça va évoluer. »

« Attendre encore un peu »

Pour Ke Wu, professeur de génie électrique à Polytechnique, nul doute que le réseau proposé par Bell peut être qualifié de « 5G préliminaire ». Les résultats des tests de vitesse que nous lui avons soumis l’ont fait sourire.

« C’est un très bon départ, ça peut aider à créer plus d’applications. Mais il n’y a que quelques personnes qui ont accès à la 5G en ce moment, c’est un contexte de test. Mettez des centaines de personnes qui se connectent à une station, et la vitesse serait considérablement réduite. »

La « 5G préliminaire », avec son utilisation simultanée de plusieurs canaux, n’est pas une grande révolution par rapport à la « 4G avancée », explique-t-il. La véritable implantation de la 5G ne bouleversera pas que les vitesses de téléchargement, mais plutôt la latence et le nombre de dispositifs contrôlés. « Il faudra attendre encore un peu pour la 5G… »

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