Étude montréalaise

Des résultats « extrêmement excitants » avec la colchicine

La colchicine réduit de 61 % le risque de dommages pulmonaires liés à la COVID-19 et réduit de 2,5 fois la chute du taux d’oxygène dans le sang, selon une étude sur des animaux de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM).

Cette étude survient alors que l’ICM a franchi avec succès une deuxième « analyse intérimaire » de son étude Colcorona, qui teste la colchicine chez des patients ayant peu ou pas de symptômes de la COVID-19.

«  Je veux être prudent, mais c’est une bonne nouvelle d’avoir passé deux analyses de futilité [analyses visant à déterminer l’opportunité de poursuivre l’étude clinique] », explique Jean-Claude Tardif, directeur de Colcorona et auteur principal de l’étude animale publiée jeudi dans la revue PLOS One. « C’est extrêmement excitant. »

La colchicine est un anti-inflammatoire utilisé couramment en cardiologie. Elle a été découverte au XIXe siècle et initialement utilisée contre la goutte. Certains de ses avantages sont son faible coût et son peu d’effets secondaires. Le DTardif l’étudie depuis plusieurs années pour les cardiopathies et a montré qu’elle réduit de plus du quart le risque de récidive chez des cardiaques.

Une meilleure oxygénation

Dans l’étude sur les rats de laboratoire, faite en parallèle avec Colcorona pour comprendre comment la colchicine protège contre les pires effets de la COVID-19, l’oxygénation chutait de 85 % chez les animaux non traités, mais de seulement 35 % chez les animaux traités.

« Ce n’est pas un hasard si la colchicine semble fonctionner, dit le Dr Tardif. La dexaméthasone, un stéroïde, est aussi utile contre la COVID-19. Elle a un mécanisme différent de la colchicine, mais ce sont deux mécanismes anti-inflammatoires. »

Mais contrairement à la dexaméthasone, administrée aux patients très malades, la colchicine pourrait éviter les complications chez les patients qui ne sont pas encore très atteints. « On vise à éviter le syndrome de détresse respiratoire aigu, dit le DTardif. La beauté, c’est que dès qu’on sait que ça fonctionne, le lendemain, les gens peuvent commencer à prendre la colchicine, il n’y a pas de problème de pénurie. »

Le DTardif a bon espoir de finir d’ici janvier le recrutement des 6000 patients de Colcorona, dont la moitié environ au Québec. « Si quelqu’un n’a pas encore un test positif de COVID-19, mais pense avoir la maladie, on va l’aider à faire un test, dit le DTardif. Quatre heures après l’inclusion dans l’étude, la personne reçoit les médicaments à la maison. »

ÉTUDE DE L’OBSERVATOIRE QUÉBÉCOIS DES INÉGALITÉS

Un portrait sombre de la situation des personnes âgées

Elmer van der Vlugt, chercheur à l’Observatoire québécois des inégalités de l’Université de Montréal, a publié jeudi un portrait des personnes âgées. Un portrait sombre qui reflète que « trop d’entre elles n’ont même pas les 400 $ nécessaires à l’achat d’un déambulateur ou accès à un moyen de transport pour aller à leurs rendez-vous », illustre le gériatre Stéphane Lemire. Tirés de 250 articles et ouvrages et d’une quarantaine de bases de données, les constats qui suivent datent d’avant la pandémie, qui a vraisemblablement noirci davantage le tableau.

Patrimoine financier

– La moitié des personnes de 65 ans et plus vivent avec moins de 26 000 $ par année, alors que c’est le cas pour seulement 40 % de la population dans son ensemble.

40 %

Proportion des ménages de personnes âgées qui ont des dettes, une tendance à la hausse au Québec et au Canada

– Le revenu des personnes aînées titulaires d’un diplôme universitaire est environ le double de celui des personnes sans diplôme ou seulement titulaires d’un diplôme d’études secondaires.

– Grâce aux impôts et transferts, la redistribution effectuée par les gouvernements réduit de moitié les inégalités entre les mieux nantis et les moins nantis des ménages de personnes âgées.

Travail

– Entre 2000 et 2018, la proportion des personnes de 65 ans et plus sur le marché du travail a triplé, parfois par choix, mais souvent par nécessité.

– L’âge moyen du départ à la retraite est en constante hausse depuis la grande récession de 2008.

– Les femmes prennent davantage leur retraite tôt pour pouvoir venir en aide à un proche, au détriment du patrimoine requis pour maintenir un niveau de vie acceptable

Réalités au quotidien

– À partir de 75 ans, les ménages « sont proportionnellement plus nombreux que le reste de la population à consacrer au-delà de 30 % de leur revenu total avant impôt pour se loger, seuil au-delà duquel un logement est considéré comme étant inabordable ».

– Les seuils employés pour ajuster la tarification des CHSLD en fonction des revenus des personnes qui y résident ont été déterminés en 1983 et n’ont pas été indexés au coût de la vie depuis, ce qui a pour conséquence d’exclure un nombre grandissant de ménages dont le patrimoine est plus modeste.

85 %

Au Québec, proportion des soins prodigués aux personnes aînées qui sont assurés par des proches aidants, souvent eux-mêmes avancés en âge

– Plus du tiers des hommes québécois âgés de 75 ans et plus disent n’avoir aucun ami proche.

– Les personnes de 65 ans et plus sont sous-représentées dans les accidents de la route, « n’étant impliquées que dans 12 % des accidents avec dommages corporels, alors qu’elles représentent près du double des personnes [titulaires] d’un permis ».

– Mais la distraction au volant affecte davantage les personnes aînées et s’accroît avec l’âge, atteignant près de la moitié des accidents avec dommage corporel chez les personnes de 90 ans et plus, contre un peu plus du quart pour les 45-54 ans.

Pistes cyclables et corridors sanitaires

L’Ombudsman de Montréal a reçu plus de 300 plaintes

Après avoir reçu plus de 300 plaintes au sujet des nouvelles pistes cyclables et des corridors sanitaires implantés ces derniers mois, l’Ombudsman de Montréal (OdM) recommande notamment à la Ville de Montréal d’améliorer ses processus de consultation des citoyens et de faire un meilleur suivi des projets.

« C’est le plus gros volume de plaintes qu’on a reçu sur un même sujet », souligne l’ombudsman, MNadine Mailloux, en entrevue.

« Ces plaintes remettaient souvent en cause, entre autres, la gestion en général des projets et la vision politique qui les sous-tend. »

MMailloux déplore la « confusion » suscitée par l’implantation rapide de plusieurs aménagements cyclables et piétonniers, à partir du printemps dernier, par l’administration de la mairesse Valérie Plante.

« L’été 2020 a sans contredit été très mouvementé sur le plan des aménagements urbains dans la Ville de Montréal, dit MMailloux. Alors que plusieurs d’entre eux ont été mis en œuvre temporairement dans le contexte d’urgence de la COVID-19, d’autres projets étaient réfléchis depuis plusieurs mois et parfois plusieurs années. Cet amalgame de travaux a créé une grande confusion chez les Montréalaises et Montréalais. »

À la suite des plaintes reçues, l’OdM a finalement traité 240 dossiers en enquête approfondie. Son enquête s’intéressait aux Voies actives sécuritaires (VAS), au Réseau express vélo (REV) ainsi qu’aux corridors sanitaires et divers autres projets implantés par quelques arrondissements.

Des 240 dossiers traités, 66 portaient sur le REV de la rue Bellechasse, 6 sur le REV de l’axe Saint-Denis, 68 sur la VAS de l’avenue Christophe-Colomb, 20 sur la VAS du boulevard Gouin et 14 sur la VAS de l’avenue du Mont-Royal.

Les plaintes concernaient notamment l’utilité réelle des aménagements, la perte d’espaces de stationnement, l’absence de consultation préalable, les lacunes en matière d’informations et de communications, les enjeux de sécurité pour les automobilistes, les cyclistes et les piétons, les effets sur la circulation et la congestion qui en découle dans les rues résidentielles avoisinantes, les répercussions pour les commerçants et les problèmes d’accessibilité universelle, notamment causés par le retrait d’espaces réservés et de débarcadères.

Améliorer les communications

L’ombudsman émet 15 recommandations à la Ville de Montréal pour améliorer sa gestion de ce type de projets. Elle suggère notamment de tenir compte du retrait des espaces de stationnement et d’implanter une meilleure signalisation pour les usagers.

L’OdM voulait s’assurer que les aménagements étaient sécuritaires pour tous (cyclistes, automobilistes et piétons) et qu’ils tenaient compte des critères d’accessibilité pour les personnes handicapées ainsi que des besoins des résidants des quartiers visés.

« On a tenu compte du contexte de pandémie, mais l’accessibilité universelle, l’information et la communication aux citoyens doivent être mises de l’avant, même en situation d’urgence », insiste MMailloux.

Par exemple, le REV de l’axe de la rue Saint-Denis a fait l’objet de consultations publiques, mais elles auraient dû être diffusées plus largement, note l’ombudsman. Quant au REV de la rue Bellechasse, il n’a fait l’objet d’aucune consultation, déplore-t-elle.

« Des projets comme les VAS comportent de considérables défis de coordination pour une administration municipale de l’ampleur de Montréal, mais les citoyennes et citoyens ne doivent, en aucun cas, faire les frais de ces casse-têtes logistiques. »

La Ville a agi rapidement pour faire certains changements à la suite des interventions de l’Ombudsman, précise MMailloux, notamment pour des aménagements non sécuritaires.

« Échec sur toute la ligne », selon l’opposition

« Ce rapport confirme que ces projets furent un échec sur toute la ligne, surtout pour les aînés et les personnes à mobilité réduite », affirme le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, qui représente l’opposition à l’hôtel de ville.

Le manque d’information et l’absence de consultation ne sont pas seulement des oublis, « c’est de la négligence pure », lance M. Perez.

Selon lui, l’administration municipale doit imposer un moratoire sur tout changement n’ayant pas fait l’objet de consultations publiques.

« Je retiens que nous avons du travail à faire pour améliorer les communications faites aux citoyens, même si nous sommes dans l’urgence, même si les projets ont leur raison d’être », a dit la mairesse de Montréal, Valérie Plante, par communiqué, en disant accueillir favorablement les recommandations de l’OdM.

Elle précise que le bureau de l’Ombudsman a aussi reçu plus de 80 messages de satisfaction par rapport à plusieurs de ces aménagements, principalement les VAS et le REV.

Attaque gratuite dans un bar

La prison pour un sympathisant d’Atalante

Québec — Un sympathisant du groupe d’extrême droite Atalante vient d’être condamné à 15 mois de prison pour avoir battu un homme dans un bar de Québec.

Louis Fernandez, 26 ans, a commis un geste haineux motivé par l’idéologie quand il a attaqué Guillaume* le 15 décembre 2018, a tranché dans sa décision la juge Réna Émond.

« La preuve démontre hors de tout doute raisonnable que l’accusé attaque la victime parce qu’elle ne partage pas les mêmes convictions que lui […] Le climat de l’agression ne laisse place à aucune autre interprétation », a déclaré la juge jeudi au palais de justice de Québec.

Ce facteur aggravant a poussé le tribunal à se ranger à la suggestion de la Couronne, qui réclamait 15 mois d’emprisonnement. La défense proposait quant à elle une peine de trois mois, purgée les fins de semaine.

L’avocat de Louis Fernandez, MBenoit Labrecque, avait suggéré lors des observations sur la peine que le geste de son client représentait une « erreur de gars soûl », qu’il le regrettait et que celui-ci n’était « pas un extrémiste ».

La juge n’a manifestement pas souscrit à cette analyse.

C’est au bar LvlOp, dans le quartier Saint-Roch, qu’a eu lieu l’agression. Fernandez a demandé par deux fois à Guillaume s’il était antifasciste. Celui-ci aurait répondu « oui, peut-être ». Il s’est alors retrouvé entouré par l’agresseur et ses amis.

Puis Fernandez l’a attaqué. Il a laissé le jeune homme avec une importante commotion cérébrale et une fracture du nez.

Les policiers avaient retrouvé sur Fernandez une bonbonne de gaz poivre et un autocollant du groupe Atalante. Il a plaidé coupable en juin dernier à une accusation de voies de fait ayant causé des lésions.

Guillaume a quant à lui consulté plusieurs spécialistes, qui lui ont diagnostiqué un choc post-traumatique. Il a quitté Québec, sa ville natale, car il se sentait suivi, épié, et il avait peur que des gens s’en prennent à lui.

« Il a peur d’être étiqueté par des groupes d’extrême droite » et « il appréhende des représailles à la suite du procès », a rappelé la juge.

L’agresseur « témoigne d’une certaine empathie pour la victime », note la juge. « Mais il semble davantage préoccupé par ses propres pertes et les effets négatifs découlant du crime pour lui. »

Fernandez s’adresse au tribunal

Fernandez a demandé de s’adresser au tribunal après la sentence. « Mon geste était stupide », a commencé Fernandez, avant de se lancer dans une tirade politique.

« Je ne suis pas raciste, parce que j’admets que n’importe quel peuple a le droit de s’épanouir en tant que peuple, a le droit de vivre selon ses traditions et de vénérer ses ancêtres sur ses terres », a lancé Fernandez, lui-même un immigrant français.

Fernandez a ensuite soutenu qu’il avait été condamné pour des motifs politiques et a affirmé que la prison, plutôt que le dissuader, le confortait dans son militantisme.

« Je vous invite à relire ma décision », a répondu la juge.

C’est le deuxième procès médiatisé dans lequel se retrouve un proche d’Atalante en quelques mois. Son leader a été blanchi en juin dernier d’accusations d’entrée par effraction, de méfaits, de harcèlement criminel et d’intimidation.

Raphaël Lévesque et six militants masqués s’étaient introduits dans la salle de rédaction montréalaise du média Vice pour remettre un « prix poubelle » à un journaliste dont ils n’aimaient pas le travail.

* La Presse a choisi de ne pas divulguer le nom de famille de Guillaume, car il dit craindre des représailles.

Aide médicale à mourir

Lametti « déçu » des conservateurs

À quelques jours de la fin des travaux parlementaires, le ministre de la Justice David Lametti exhorte le chef conservateur Erin O’Toole à rappeler ses troupes à l’ordre. « Je suis très déçu de voir le Parti conservateur continuer leurs tactiques pour empêcher le projet de loi sur l’aide médicale à mourir de progresser », a déclaré le ministre à La Presse. Le projet de loi C-7 n’avait toujours pas été avalisé par les élus, jeudi, après plusieurs heures de débat à la Chambre des communes. Les députés remettront ça vendredi pour le débat en troisième lecture. Chez les conservateurs, on ne garantit pas que cette dernière étape aux Communes ne sera pas aussi ralentie. Si le projet de loi n’est pas adopté d’ici le 18 décembre, la décision du tribunal québécois entrera en vigueur au Québec, mais il y aura un vide juridique, tandis que la loi fédérale demeurera valide dans le reste du Canada.

— Mélanie Marquis, La Presse

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