La Presse à New York

Une présence québécoise au sommet de Manhattan

La technologie d’une jeune pousse de Sherbrooke servira à tester l’eau des tours de refroidissement du One Vanderbilt

New York — Le propriétaire du One Vanderbilt a retenu la technologie d’une jeune pousse sherbrookoise pour assurer la sécurité sur un point précis des milliers de visiteurs qui utiliseront sa spectaculaire plateforme d’observation.

La tour de 93 étages a été inaugurée en 2020 et est devenue la quatrième structure de New York pour la hauteur, à plus de 400 m de haut. Son observatoire sur quatre étages est promis à devenir une attraction touristique fort courue.

Comme dans bien des immeubles, ses tours de refroidissement d’eau servant à la climatisation de l’immeuble se trouvent sur le toit, soit tout à côté de la plateforme d’observation.

Avec l’éclosion de légionellose à Québec en 2012, le public a appris à la dure que les gouttelettes de vapeur d’eau sous forme d’aérosols s’échappant des tours d’eau peuvent contenir la bactérie et exposer des personnes à la contamination.

À New York, la réglementation oblige le gestionnaire d’immeuble à tester l’eau de ses tours de refroidissement tous les 90 jours. Si le test révèle la présence de la bactérie potentiellement mortelle, il faut fermer par précaution le système de refroidissement et, par conséquent, l’accès à la plateforme d’observation. Une situation que le propriétaire SL Green veut absolument éviter.

Selon la méthode traditionnelle, les résultats des tests prennent jusqu’à 14 jours. Un long délai qui, en cas de scénario catastrophe, n’empêche malheureusement pas les cas de contamination.

Des résultats en 3 heures plutôt qu’en 14 jours

Entre en jeu Étienne Lemieux, titulaire d’un doctorat en biologie, président et cofondateur de BioAlert avec Dominic Carrier. « On fabrique un équipement installé directement sur site qui automatise la détection en continu d’un pathogène mortel qui pousse dans les eaux de refroidissement et dans tout autre type d’eau, ce qui permet l’intervention juste à temps du client », explique-t-il à La Presse.

M. Lemieux a participé à la conférence sur les technologies immobilières Propel qui s’est tenue cette semaine à New York. La Presse a accompagné la délégation québécoise.

Fondée en 2014, la société BioAlert compte 16 employés et a installé jusqu’à maintenant 35 équipements chez des clients québécois, dont Place Ville Marie, au centre-ville de Montréal. La valeur moyenne est de 60 000 $ l’unité. La société fait son argent à la vente ou à la location de l’appareil et, de façon récurrente, avec les recharges en cartouche. Son premier client américain est au New Jersey dans une société pharmaceutique. SL Green est son deuxième.

Équipée de la machine BioAlert Lp 15, SL Green peut tester jusqu’à plusieurs fois par jour au besoin la qualité de l’eau de son système de refroidissement et obtenir les résultats en 180 minutes. Une efficacité appréciée par le propriétaire du 1, Vanderbilt, qui vise une certification WELL, assurant le confort et le bien-être des utilisateurs.

La genèse de la relation entre la société estrienne et le plus important propriétaire foncier new-yorkais est riche d’enseignements. BioAlert a gagné un concours de jeunes pousses dont le prix était une participation à l’édition 2019 du Propel by Mipim de New York. La compétition était organisée par Batimatech, un OSBL consacré à l’écosystème des entreprises technologiques du Québec dans le milieu de la construction. L’organisation est dirigée par Francis Bissonnette, aussi présent à New York.

C’est lors de cette édition que la rencontre fructueuse est survenue, comme quoi les salons et congrès ont leur utilité pour le développement des affaires.

Deux ans plus tard, BioAlert est de retour au Propel. Ses priorités ont changé. Au lieu de se concentrer sur le marché canadien, M. Lemieux, épaulé par le consultant Alain Blais qui siège à son C.A., a décidé de devancer sa conquête du marché américain. « On va commencer à trouver des agents manufacturiers et des distributeurs pour attaquer le marché », indique M. Lemieux.

Le marché potentiel est de 2000 tours de refroidissement au Québec. Juste dans la ville de New York, on en dénombre plus de 6200. SL Green, à elle seule, en a plus de 72 dans son parc immobilier mondial.

Une éclosion de légionellose est survenue à Québec à l’été 2012. La maladie a été déclarée chez 181 personnes et a entraîné 13 décès. En réaction, la Régie du bâtiment a lancé un règlement en 2014 obligeant les gestionnaires d’immeuble à faire tester l’eau de leur tour aérorefroidissante tous les 30 jours, une première au Canada à l’époque.

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