École Louis-Joseph-Papineau

Le « bunker » aura finalement des fenêtres

Il aura fallu une pétition pour qu’une école secondaire de Montréal tristement surnommée la « prison » ou le « bunker » attire l’attention et qu’on lui refasse une beauté. Située dans le quartier Saint-Michel, l’école Louis-Joseph-Papineau n’a pour fenêtres que des meurtrières. Elle sera rénovée et ses élèves verront bientôt la lumière du jour.

L’école Louis-Joseph-Papineau – « Louis-Jo » pour les intimes – accueille entre ses murs des jeunes qui, lorsqu’ils sont en classe, n’ont souvent aucune vue sur l’extérieur. Au début 2020, des membres du conseil d’établissement de cette polyvalente ont fait signer une pétition pour réclamer qu’on remette au goût du jour le bâtiment construit dans les années 1970.

Mis au fait de cette pétition, le ministre de l’Éducation a alors exhorté la Commission scolaire de Montréal, depuis devenue le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), à déposer une demande pour la rénovation de cette école.

C’est chose faite : des images d’une école repensée ont été présentées cette semaine. Les travaux seront réalisés en deux phases, explique le CSSDM.

La première, qui doit démarrer au printemps 2022, apportera de l’éclairage naturel dans la cafétéria et la bibliothèque. Le CSSDM dit qu’il est « prématuré de fournir une estimation du coût des travaux », mais ils seront d’au moins 10 millions, a appris La Presse.

Le CSSDM a aussi déposé une demande de financement de 200 millions à Québec pour redonner un grand coup de jeunesse à l’école, qui inclurait une mise à niveau de plusieurs systèmes, mais aussi une réfection et une mise aux normes des espaces intérieurs. Et, bien entendu, qui permettrait d’ajouter des fenêtres.

Une mobilisation citoyenne

Le président du conseil d’établissement de l’école, Jacques Langlois, fait partie de ceux qui ont porté le projet. « Comme on ne peut pas faire tous les travaux au début, on vise les aires communes, comme la cafétéria et la bibliothèque, pour que tout le monde ait de la lumière dans ses déplacements », explique celui qui s’implique à l’école depuis cinq ans.

« Les gens étaient rendus cyniques. On m’a dit que je faisais [la pétition] juste pour attirer l’attention, que si les autres n’avaient pas réussi avant, ça ne servait à rien et que ça ne ferait qu’un cirque médiatique. Je n’en pouvais plus : quand tout ce qui a été fait avant n’a pas fonctionné, il faut trouver de nouvelles façons de faire. »

— Jacques Langlois, président du conseil d’établissement de l’école Louis-Joseph-Papineau

En entrevue avec La Presse en février 2020, le cofondateur de la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal Philippe Poullaouec-Gonidec avait estimé que faire une intervention sur l’école Louis-Joseph-Papineau était « une situation d’urgence ».

Son collègue Patrick Marmen avait quant à lui expliqué que les milieux scolaire et communautaire avaient déjà mené bien des initiatives pour pallier le manque de lumière.

« Les murales, les expressions de couleur, la peinture qui égaie, ils l’ont fait. Ils sont rendus à investir dans le dur. Et, oui, ça coûte de l’argent ; oui, il faut percer dans le mur ; oui, il risque d’y avoir de l’amiante et des moisissures », avait dit M. Marmen.

Le député libéral de Viau, Franz Benjamin, salue la mobilisation citoyenne qui a mené à cette annonce. Il se dit « très heureux, mais prudent ».

« Une première partie du projet est financée à même le budget du CSSDM, mais on attend 200 millions. Je vais rappeler au ministre Roberge de respecter son engagement pour m’assurer que le projet voie le jour. »

— Franz Benjamin, député libéral de Viau

Le député estime qu’il est d’autant plus important de doter les milieux défavorisés d’établissements « pour favoriser l’intégration sociale et la réussite éducative des jeunes ». « Le quartier Saint-Michel, comme ailleurs au Québec, mérite les meilleures installations », dit-il.

Le président du conseil d’établissement, Jacques Langlois, a les yeux rivés sur l’automne 2022, date à laquelle la première phase des travaux pourrait être terminée.

« À ma grande surprise, ma fille va pouvoir finir l’école secondaire avec des fenêtres à Louis-Jo. Je ne m’y attendais pas. Je faisais ça pour que, plus tard, ça arrive… Elle vient de là, ma grande joie : je vais pouvoir le voir », dit le père.

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