COP26

Une conférence charnière pour l’avenir du climat

La 26e édition de la Conférence des parties qui aura lieu à Glasgow, en Écosse (COP26), du 1er au 12 novembre, devra être un point de bascule en vue des actions à mener dans le combat contre les changements climatiques. Car le premier volet du sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en août, ne fait pas dans la nuance.

Si la communauté internationale veut s’attaquer sérieusement au réchauffement du climat, et à ses conséquences délétères (érosion des côtes, incendies, inondations), le temps d’agir et d’accélérer la cadence de la transition énergétique est venu. Maintenant, avec une réduction « immédiate, rapide et massive » des émissions de gaz à effet de serre (GES), selon les mots du GIEC.

Pour y arriver, il fallait auparavant que les différents gouvernements prennent des engagements généraux. C’est fait.

À ce jour, une soixantaine de pays, dont les plus gros émetteurs, la Chine (pour 2060) et les États-Unis (2050), ont fait des promesses de neutralité carbone. Celles-ci confirment que le sentiment d’urgence climatique s’est répandu.

Mais le fait de miser sur un horizon aussi éloigné que 2050 équivaut pour plusieurs à botter le ballon en touche et à se fier à des miracles technologiques, qui pourraient ne jamais se produire.

Les attentes se situent donc dans le caractère ambitieux des actions qui seront menées à court terme, d’ici 2030, pour progresser vers la neutralité carbone. Car s’engager dans cette transition n’est pas une mince tâche : certains y voient même une nouvelle révolution industrielle.

Parmi les chantiers à entreprendre lors de la COP26, il y a celui de rendre opérationnel l’article 6 de l’accord de Paris (2015). Cet article prévoit un système d’échange de droits d’émissions de GES entre pays, et il faudra démontrer comment il sera mis en vigueur dans le commerce international.

L’Europe a pris les devants en la matière, avec un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Ce mécanisme forcera les exportateurs vers l’Europe à acheter des certificats carbone.

Le financement sera aussi un enjeu sensible : les pays en développement vont demander comment les pays riches, qui avaient proclamé en 2009 leur volonté de consacrer annuellement 100 milliards en leur faveur pour s’adapter aux variations du climat, vont respecter et mettre cette promesse en vigueur.

La transition énergétique, sujet d’âpres débats

La production d’électricité et les activités de transport sont celles qui amènent le plus d’émissions de GES, soit les deux tiers du total. Ce sont donc, et de loin, les secteurs prioritaires à cibler pour avancer vers la neutralité carbone.

Les débats dans le milieu énergétique en vue de la COP26 portent entre autres sur la part du nucléaire, dont les petits réacteurs modulaires, technologie pour laquelle le Canada se positionne, et le rôle du gaz comme énergie de transition.

Le gaz est une ressource émettrice, mais considérablement moins que le charbon et le pétrole. Mais cette ressource est dorénavant ciblée par des activistes du climat, notamment pour ses émissions de méthane, principal composant du gaz naturel. Alors que, pour les pays en développement, le gaz est vu comme une source d’énergie stable, appropriée pour soutenir leur croissance économique, mais sans polluer l’atmosphère autant que les pays riches l’ont fait depuis deux siècles.

La technologie de captage et de séquestration du carbone, qui permet de capter celui-ci, puis de le séquestrer dans le sol ou de l’utiliser à des fins commerciales, devrait aussi faire l’objet d’une attention soutenue.

Cela est d’un grand intérêt pour le Canada. Les provinces de l’Ouest productrices d’hydrocarbures (Alberta, Saskatchewan) sont des leaders mondiaux dans ce domaine et voient en cette technologie un axe majeur de transition de leur économie, notamment pour la production d’hydrogène.

Le rôle central des gouvernements

La COP26, comme celles d’avant, rassemblera les gouvernements, mais aussi nombre de parties prenantes (entreprises, institutions, ONG). Mais ce sont les gouvernements qui ont les mains sur les manettes pour guider résolument la planète vers la neutralité carbone et instaurer la collaboration internationale requise à cette fin.

Par leurs politiques et, surtout, les lois, les réglementations et les incitatifs qu’ils mettent en place, ils orientent le marché et ses innovations, donc les investissements qui touchent à la fois l’offre et la demande en énergie. Ils ont la responsabilité d’agir pour accroître les opportunités que la transition énergétique amènera pour leur économie nationale.

Et, tout aussi important, les gouvernements doivent mettre en place des mesures pour que cette transition soit effectuée de la manière la plus juste et la plus équitable possible : c’est-à-dire de donner un appui aux communautés, aux industries et aux travailleurs qui seront davantage touchés par les vastes transformations qui s’annoncent.

* L’auteur est également consultant en énergie.

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