Mon clin dœil

2020 en 4 mots : le monde est malade.

Livre Le leadership horizontal

Redevables les uns envers les autres

L'experte en auto-gestion Samantha Slade propose dans ce livre des façons de faire concrètes et éprouvées pour aider les organisations à aplanir leur hiérarchie, devenant ainsi plus humaines, plus innovantes et plus performantes.

1. Les collègues sont redevables les uns envers les autres, et la responsabilité est partagée.

Certaines personnes croient qu’un esprit non hiérarchique se traduit par l’absence complète de management. C’est tout le contraire qui est vrai : en vertu de la mentalité non hiérarchique, chacun est tenu à observer des normes plus élevées. Plusieurs activités qui auparavant étaient assumées par des gestionnaires sont distribuées et ainsi les responsabilités deviennent partagées. Une équipe entière participe aux activités qu’un seul gestionnaire assumerait généralement : établir des objectifs, organiser les tâches à accomplir, fixer les salaires, se soutenir et se motiver les uns les autres, se tenir les uns les autres responsables de la performance et soutenir le développement de tous.

2. Les gens assument leur propre leadership.

Le principe d’une mentalité horizontale est que les gens peuvent comprendre les choses par eux-mêmes, entre eux. Il n’est pas nécessaire que quelqu’un investi d’une autorité accorde sa permission ou son approbation ou fasse les choses à la place des autres. Nous en sommes venus à envisager les leaders comme des gens trônant au sommet d’une organisation. Cette association est fausse.

Un état d’esprit non hiérarchique consiste à assumer son propre leadership, peu importe son poste dans l’organisation et peu importe la nature de son travail.

Si nous constatons qu’il y a quelque chose qui cloche, nous agissons pour redresser la situation. Nous nous occupons des choses et nous formulons des propositions.

3. Les gens n’ont pas le sentiment qu’on leur impose quoi que ce soit et pourtant, ils honorent leurs engagements.

Dans une organisation horizontale, les gens ne se sentent pas obligés les uns envers les autres. Cela ne veut pas dire qu’ils font tout ce qu’ils veulent. Il faut des nuances pour comprendre cela. Dans certains cas, l’autorité devrait être distribuée et c’est un groupe qui prendra certaines décisions. Dans d’autres cas, l’intérêt du groupe sera mieux servi si une seule personne décide en son nom (comme un pilote d’avion qui indique aux passagers les places les plus sécuritaires de l’appareil). Pour qu’une mentalité horizontale se déploie avec succès, les gens doivent honorer leurs engagements ; sinon, les autres devront s’en charger. C’est précisément la responsabilisation issue du sentiment d’appropriation du processus qui inspire les individus à respecter ces engagements.

4. Les actions sont participatives et adaptées aux circonstances.

L’horizontalité n’est pas le chaos ! Une culture non hiérarchique réussie est participative et s’adapte à un univers en constante mutation. La marchandise est livrée. Nous avons été programmés pour penser que l’ouverture des processus à un groupe plus large exige davantage de temps, en plus d’être pénible. Bien sûr, si vous ouvrez le champ de responsabilités sans avoir établi un processus réfléchi, la marchandise ne sera pas livrée. Beaucoup d’entre nous ont vécu cela. Les pratiques non hiérarchiques remplacent ce genre de confusion par des structures éprouvées pour gérer en douceur une culture participative. À mesure que la chaîne de commandement disparaît, les structures hiérarchiques sont remplacées par des structures plus légères, moins hiérarchiques : des rôles avec un objectif ; des responsabilités et des mesures qui comptent ; des espaces et des méthodes explicites de prise de décision ; des réunions bien documentées ; des gens qui sont conscients de ce que les autres font ; des mécanismes qui renforcent les relations ; et une volonté de régler les conflits. Dans le cadre d’une auto-organisation fructueuse, même en situation de crise ou d’échéance préoccupante, on ne fait pas marche arrière vers la crainte et le contrôle. On se replie plutôt sur la confiance qu’on a bâtie entre collègues.

5. L’organisation est équitable, générative et juste.

On pose aux organisations non hiérarchiques le défi d’entretenir des objectifs plus significatifs et des pratiques plus équitables – qu’il s’agisse de salaires, de partage des profits, d’impact environnemental ou de bonne entente en dépit des différences. Ces façons de faire représentent un pas délibéré qui nous éloigne des pratiques extractives, coercitives et patriarcales. Ce sont là des mots forts, mais qui reflètent les paradigmes que notre culture et nos cadres organisationnels verticaux ont fait croître. La seule façon dont une organisation peut être complètement horizontale consiste à avoir du sens pour ses travailleurs.

Ainsi, elle peut facilement céder du contrôle et permettre aux gens de s’approprier du leadership et de contribuer à son développement.

Le leadership horizontal

Instaurer une organisation non hiérarchique, une pratique à la fois

Samantha Slade

Éditions de l’homme, septembre 2020

256 pages

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.