100 idées pour améliorer le Québec Priorité à la santé

Une grande fondation pour les enfants

Nous entendons régulièrement parler dans les médias d’enfants aux prises avec de sérieux problèmes de santé souvent dans des contextes familiaux et sociaux difficiles.

Des enfants atteints de maladies orphelines dont les parents n’en peuvent plus ; des enfants qui, en plus de leurs difficultés d’apprentissage, ont des problèmes de santé ; des enfants qui se présentent le matin à jeun à l’école ; des enfants qui ont besoin de dispendieuses prothèses ; des enfants sous-alimentés, et ainsi de suite.

Ces besoins ne sont généralement couverts que partiellement par les programmes publics de santé et de services sociaux. Ce sont des besoins hors normes qui échappent ou dépassent la couverture universelle des programmes publics.

Devant ces problèmes qui freinent le développement des enfants et leur préparation à la vie, les services communautaires et autres organismes ne suffisent pas malgré leurs efforts et leur bonne volonté. Pour les enfants, ce sont les effets de la pauvreté en bas âge qui les affectent le plus. Or, au Québec, plus de 150 000 vivent sous le seuil de la pauvreté. C’est ainsi qu’ils se dirigent vers la vie avec des chances nettement inégales.

Dans une société d’abondance comme la nôtre, même si le Québec fait mieux que les autres provinces à ce chapitre, tous les efforts pour améliorer la situation doivent être poursuivis.

Il m’est souvent venu de rêver à une grande fondation dont la mission consisterait à favoriser le développement des enfants aux prises avec des problèmes de santé qui dépassent nos programmes publics.

Or, il me semble qu’il existe présentement une situation qui pourrait permettre la création d’une telle fondation. En effet, les récents événements sur la rémunération des médecins suscitent de vives réactions dans tous les milieux. Les citoyens trouvent nettement exagérées les augmentations consenties par le gouvernement dans les dernières ententes avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Je suis convaincu qu’ils souhaitent que les sommes jugées excessives soient canalisées non pas vers la rémunération des médecins, mais vers l’amélioration des services et des soins.

Pour leur part, nombre de médecins partagent également cet avis et déclarent même être satisfaits de leur rémunération. Ils demandent que les sommes en cause servent plutôt au recrutement d’infirmières et du personnel nécessaire dans le but d’améliorer leurs conditions de pratique et ainsi accroître le volume et la qualité des soins aux patients.

C’est en songeant à ces réactions que m’est venu le rêve d’une grande fondation, telle la Fondation Lucie et André Chagnon.

Une fondation dotée d’un extraordinaire don de 1,4 milliard dont l’objectif est de prévenir de façon durable les effets de la pauvreté sur les enfants et de développer leur plein potentiel en concentrant son action sur la réussite éducative et scolaire.

Les deux fédérations médicales sont en mesure de débloquer les fonds nécessaires à la création d’une fondation de même nature dont la mission serait de combattre les problèmes de santé des enfants et de leur permettre de développer leur potentiel. Une mission qui s’inscrit dans la vision d’un Québec juste et solidaire dans lequel ses enfants peuvent se réaliser.

Si aucun geste d’ouverture n’est posé, la question de la rémunération des médecins va sûrement devenir un enjeu majeur de la prochaine élection. Une fois le débat engagé dans cette voie, les risques de dérapage sont grands. Il m’apparaît clairement que ce sont les médecins qui, déjà fatigués de se faire critiquer, sont susceptibles d’en subir les conséquences. Une éventualité que personne ne souhaite vraiment.

Est-ce que le rêve d’une grande fondation en santé peut se réaliser ? Les fédérations médicales sont en position, si elles le veulent, de répondre positivement à cette question. Ce serait une belle façon de rétablir le lien de confiance avec les citoyens.

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